No comment pour FN...
Pour l'album... Hum, hum...
Je pense qu'il ont bien réussi leur retour en proposant un album qui marque une évolution dans la musique du groupe tout en gardant ce style qui les caractérise... Heureusement qu'ils nous ont pas balancé un nouveau
Dummy : ça aurait été plus facile et fait plaisir à des gens qui n'auraient pas à faire l'effort d'entrer dans
Third. Et puis, pour des musiciens quasi avant-gardistes dans les '90s, sortir un disque prévisible, une pâle copie d'un succès précédent aurait été une insulte à leur talent et à leurs vrais fans.
Peut-être est-ce parce que j'ai écouté 10.000 fois leurs deux premiers (et les lives, et
To Kill A Dead Man), mais j'ai l'impression que ce
Third est plus hermétique, que les chansons sont plus obscures, moins découpées, et qu'on ne peut pas autant trouver de "singles" comme sur les autres, même si
Hunter,
Plastic ou
Magic Doors feraient parfaitement l'affaire.
Portishead a osé un album différent, a osé des rythmes plus rapides (j'ai quand même tiré une drôle de tête aux premières secondes de
Silence, je m'attendais pas à un beat aussi... tribal !), où l'on retrouve 10 ans d'influence digérées par les 2 têtes pensantes du groupe. Geoff a approfondi le côté électronique (on dirait qu'il a samplé
Blue Monday sur
Machine Gun ), tandis que Beth, forte de son très bon
Out Of Season avec Rustin' Man -Paul Webb, guitariste de
Talk Talk), opte pour un parti pris plus acoustique, dont le meilleur exemple est
The Rip. Au final, on a un disque déroutant, ambitieux, et un peu l'impression que nos amis de Bristol ont sorti leur
Kid A.
Ce que j'ai moins aimé, c'est qu'on s'éloigne des orchestrations à la John Barry (dommage, j'étais trop fan), pour s'aventurer vers d'autres espaces sonores, voir le ukulélé sur
Deep Water ou la surf guitar que n'aurait pas renié Tarantino sur
Small... Mon principal regret, ce sera l'absence d'un vrai morceau de bravoure avec un putain de crescendo comme
Over,
Sour Times ou
Strangers (voire même
Funny Time Of The Year sur
Out Of Season).
En définitive, après avoir fait languir ses fidèles pendant une décennie entière, après leur avoir fait le coup du "on enregistre, l'album va sortir" une nombre incalculable de fois, après avoir fait paniquer tout le monde en disant qu'il écriraient l'album sous le soleil d'Australie... le groupe est enfin arrivé à donner descendance à
Portishead, en accouchant d'un album exigeant, qui ne risque pas la rotation lourde sur Mint mais qui répond à nos attentes : voix fragile, ambiances plombées, spleen
bristolien...
Portishead compte une fleur du mal de plus dans son jardin...