Al Qaeada, mode d'emploi...

Havane

Funky fresh Masta
Je me permet de poster ce topic suite à l'article concernant les menaces proférées à l'encontre de la France. J'ai lu les réponses en diagonales et je me rend compte qu'il y à beaucoup de choses qui sont dites, bonnes comme mauvaises...
Mais en fait, qui sont ces gens, quel lien entretiennent-t-ils avec un saoudien qui se cache probablement au Pakistan? Savent ils tous piloter des 747? Le sanglier, ca compte pour du porc?

Je prétend pas détenir la Vérite (pour cela, cfr. le Coran) mais je me suis dit que je pourrai vous faire profiter d'un papier que j'ai du écrire il y a qq mois:

La mouvance Al Qaeda a-t-elle un projet politique?


Pour répondre à cette question, il nous semble indispensable de commencer par définir les contours de cette « mouvance » Al Qaeda ainsi que son mode de fonctionnement. Dans un deuxième temps nous tâcherons de décrire les objectifs poursuivis par cette mouvance ainsi que les moyens mis en oeuvre pour les atteindre. A l'issue de ces deux étapes nous essayeront de trancher la question de savoir si l'on peut réellement parler d'un « projet politique ».

Comme le signale Xavier Raufer, Al Quaeda (NDLR: « la base » en arabe) a, après les attentats du 11 septembre 2001, été présentée par l'administration américaine comme une « organisation » pyramidale comportant des numéros un et des numéros deux. Même si les dirigeants d'outre atlantique ont depuis compris leur erreur d'appréciation, il n'en reste pas moins que cette erreur témoigne d'une méconnaissance profonde de l'univers mental de la mouvance salafiste de la part des autorités américaines. L'auteur prend pour exemple de cette méconnaissance la relative panique lors du 11 septembre 2002 où les autorités craignaient de nouveaux attentats en forme de commémoration. Or, d'une part les musulmans ont un calendrier lunaire et d'autre par il est totalement hérétique pour les salafistes de célébrer n'importe quel anniversaire, même celui du Prophète. En fait il semble bien que le schéma organisationnel de cette mouvance soit plus complexe et moins rigide que celui d'une organisation à l'occidentale, la nébuleuse serait quasiment comparable à une entité vivante. L'auteur décrit la mouvance comme « un réseau souple, flexible et résistant assurant tant l'adhésion de chacun à un segment que la cohésion de l'ensemble. »

Ainsi donc des figures comme Ben Laden ou El Zawahiri ne seraient pas tant des leaders opérationnels que des leaders moraux qui, via des techniques de communication modernes, propagent leur message belliqueux en tentant de susciter un maximum d'adhésions à leurs thèses mais sans pour autant encadrer réellement la chose. Il ne s'agit pas d'enrôler des combattants dans une organisation rigide mais bien de sensibiliser la communauté musulmane à l'importance de leur cause et d'encourager un passage à l'acte. Al Qaeda est donc une sorte de « franchise » dont à peu près n'importe qui peut se revendiquer dès lors qu'il agit dans le cadre du jihad globalisé et déterritorialisé que prônent les leaders du mouvement. Cela donne notamment naissance au phénomène de « home grown terrorists » qui sont des personnes nées dans des pays occidentaux, ayant parfois tâté de la petite délinquance et qui s'auto-radicalisent et sont, du fait de leur autonomie relative, plus difficile à repérer.
En outre, la galaxie Al Qaeda s'enorgueillit de l'existence de ces convertis qui seraient une preuve du succès rencontré dans la mondialisation de la lutte qui déborde ainsi des frontières traditionnelles de l'Islam.

Il est difficile de pointer une date précise où un évènement marquant formellement la naissance de la « nébuleuse ». Néanmoins il est généralement admis que l'utilisation de la péninsule arabique comme « porte-avions » lors de la guerre du golfe au début des années 1990 a suscité une vague d'indignation dans le chef d'une partie de l'establishment salafiste. La famille royale est jugée trop proche des Etats-Unis et sa participation au processus de paix au Proche-Orient est vue comme une sorte de « reculade honteuse ». Ainsi une partie importante des autorités religieuses officielles du royaume écrivent aux autorités politiques une lettre ouvertes argumentant vivement ces deux points de vue. Il s'en suivra une vague de contestation dans tout le pays qui débouchera sur la création d'un substrat propice à l'émergence de la nébuleuse.


Selon François Burgat, cet islamisme de « troisième génération » résulte de la conjonction de trois facteurs:
-La poussée de l'interventionnisme et de l'unilatéralisme des USA.

-Le fait que la « formule politique arabe » nie toute forme de représentation de la mouvance islamiste et que cette formule soit soutenue et bénéficie en même temps à des promoteurs étrangers. (De ce constat vient en partie la distinction entre « ennemi proche » et « ennemi lointain »)

-La capitalisation d'un double acquis des partisans de « l'action directe »: La victoire sur l'URSS en Afghanistan et l'échec de la concurrence légaliste incapable d'acquérir du crédit du fait de l'intransigeance des régimes arabes à leur égard. (cf. Les Frères Musulmans)

Avant de passer en revue les objectifs et les modus operandi de la nébuleuse, il nous semble important ici de faire une petite mise au point sur le caractère « islamique » du mouvement. Certains observateurs trop pressés où spécialistes auto-proclamés du terrorisme ont trop souvent fait l'amalgame entre « islamisme » et « action directe ». Les groupes islamistes seraient violent du fait même de leur référentiel religieux. Nous partageons le désaccord de François Burgat sur ce point. A notre avis le caractère « islamique » doit se comprendre comme un dénominateur commun identitaire à des groupes en réalité très variés cherchant tous à se « distancier » de l'occident en reprenant le vocable musulman afin de rompre définitivement avec la domination coloniale puis avec l'impérialisme qui a prit sa suite. Là où la violence devient un mode d'action crédible c'est en raison de l'échec des procédés légaux qui sont, de ce fait, discrédités et présentés comme essentiellement occidentaux. Mais ce n'est pas là l'apanage des islamistes, « [...] la légitimation du recours à l'action armée pouvant parfaitement se passer du référentiel islamique, l'acceptation sans réserve des exigence de la démocratie pouvant parfaitement s'en accommoder. »

Voyons maintenant ce que veut Al Qaeda. Comme nous l'avons déjà dit, l'action d'Al Qaeda s'inscrit dans une logique de propagande et de rejet indiscriminé de l'occident. Concrètement l'objectif annoncé de la mouvance est « la renaissance du califat ». Le califat désigne un Etat théocratique, régit par la charia et qui s'étendrait de l'Espagne à la Chine. Cependant on voit mal comment l'envoi de deux avions de ligne dans le World Tarde Center où encore l'explosion de bombes dans les transports publics en Europe participent à l'instauration de cette entité. Du propre aveu des « stratèges » de la nébuleuse, cet objectif est encore très très éloigné mais les actions menées aujourd'hui s'inscrivent dans un long processus de changement révolutionnaire dont les actions terroristes seraient le catalyseur. A la suite du conflit Afghan les opposants à l'URSS, les dirigeants de la future Al Qaeda en sont parvenus à différentes conclusions: réduit à un cadre national, le combat islamiste est voué à l'échec car les « régimes apostats » bénéficient du soutien sans faille de l'Occident, de plus, l'attractivité du combat islamiste national est dans tous les cas très limité.

A l'inverse l'appel au sentiment panislamique qui à fait le succès de la campagne Afghane a permis de contourner ces obstacles et de mobiliser les militants islamistes pour la défense de la foi. Ainsi on passe d'un cadre national de lutte à une lutte mondialisée. L'objectif premier n'est pas tant d'installer des pouvoirs islamiques en lieu et place des régimes apostats mais de créer un chaos au sein du monde musulman qui débouchera sur l'effondrement des régimes actuels. Par la suite, d'autres organisations devraient prendre le relais afin de définir une alternative qui s'accorderait avec la vision d'Al Qaeda.

Les stratèges de l'organisation ont cependant mis au point une « feuille de route » en 8 étapes allant du chaos au califat. La transition entre les deux situations s'opérant via le remplissage du vide sécuritaire laissé par l'effondrement des régimes apostats. Comme on l'a vu en Afghanistan, la sécurité et la justice sont deux domaines où les islamistes peuvent remporter quelques succès via l'application stricte de la charia, par contre rien n'est dit sur un quelconque projet économique où sociopolitique. Mais dans l'ensemble si le chaos survient effectivement, le domaine de la sécurité sera sans nul doute celui auquel la population sera le plus sensible, permettant ainsi de renforcer la crédibilité du nouveau régime.
 
1er
OP
Havane

Havane

Funky fresh Masta
[SUITE]


Olivier Roy souligne quant à lui que la nébuleuse ne propose que « la vengeance à la frustration » et n'a d'autre stratégie que de créer un fossé infranchissable entre Occident et monde islamique. Il écrit « Ils meurent pour la signification du geste mais pas pour son résultat, ils sont dans la réalisation de soi et donc dans une dimension mystique, mais pas dans l'ordre politique. Il n'y à donc rien à négocier ».
Cette observation nous parait relativement pertinente mais peut-être un peu trop extrême. S'il nous parait totalement vrai que ceux qui meurent « en martyrs » pour commettre des attentats et à plus forte raison les « home grown terrorists » le font principalement pour des raisons mystiques et non pas dans le but de l'instauration du califat, il serait exagéré de prétendre qu'un homme comme Ben Laden soit totalement dénué d'une vision politique, si pauvre soit-elle. Il parait par exemple clair que le but d'attentats en Occident est d'une part d'amener les pays touchés à s'interroger sur les raisons d'une telle animosité à leur égard et d'autre part à les attirer dans une guerre en terre d'Islam afin de les affaiblir et d'émousser leur soutien aux régimes « apostats ». Il s'agit là d'objectifs éminemment politiques.

Pour finir, voyons maintenant quels sont les modes de fonctionnement concrets d'Al Qaeda. Une des principales « mission » que se donne les quelques cadres de la mouvance est de fournir un entrainement paramilitaire. Cet entrainement est à l'usage immédiat des combattants de la région dans laquelle se trouve le camp (de l'Afghanistan à l'Irak en passant par la corne de l'Afrique) et à plus long terme permet la formation de nouveaux cadres susceptibles de faire des émules où de mener des attaques en occident dans le but d'attirer « l'ennemi lointain » dans un conflit. Cette façon de fonctionner a rencontré un grand succès en Afghanistan et à également permis ailleurs « d'islamiser » certains conflits qui n'étaient pas de nature religieuse au départ marginalisant ainsi d'autres groupes en lutte tels que les nationalistes ou les indépendantistes. C'est aussi par ce moyen et à l'aide de sa très efficace machinerie de communication et de propagande que la mouvance est parvenue à mondialiser la lutte et à propager l'image d'un monde musulman assiégé par les infidèles. Il faut cependant signalé que certains dérapages de l'administration Bush (comme par exemple l'utilisation du mot « croisade ») ont totalement profité à la nébuleuse.

En conclusion il semble bien difficile de répondre à la question posée. En effet certains éléments vont dans le sens d'un projet politique et d'autres semblent au contraire être le résultat d'un rejet tous azimuts de l'occident. Si on définit la notion de projet politique comme un projet de société incluant toutes les facettes de la vie sociale, comme une alternative inclusive, alors non, la mouvance Al Qaeda n'en est pas un. Elle ne propose que la restauration d'un hypothétique califat et l'imposition de la loi islamique mais ne présente pas un projet complet pour une société nouvelle. De plus il semble parfois que les actes de violence posés soit, dans le chef de leur auteurs, des actes de nature mystique dans une logique de martyrs.
Mais on ne peut pas non plus réduire cette mouvance à une bande de gens psychologiquement dérangés ou à des simples fanatiques religieux qui meurent pour « la beauté du geste ». Il apparait bien que l'émergence de la nébuleuse soit en quelque sorte le résultat d'un processus historique au cours duquel on a trop souvent nié l'importance d'un courant islamiste plus ou moins modéré qui cherchait à se détacher de la domination occidentale. Face à l'échec de cette « remise à distance culturelle », d'autres formes de contestation, bien plus violentes se sont manifestées et s'inscrivent à présent dans une logique de lutte mondialisée comme une sorte de réponse à la mondialisation occidentale.
A notre avis la réponse la plus satisfaisante à la question serait de dire que la mouvance n'a pas un projet politique mais qu'elle cherche cependant à atteindre des objectifs politiques.


Bibliographie
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R. Haddad, « Al Qaïda/Hezbollah: la conccurence à distance entre deux logiques d'action jihadiste différentes pour la captation des coeurs et des esprits de l'Umma », Cultures & Conflits [En ligne], mis en ligne le 04/01/2010.
J-P. Filiu, « Le spectre d'Al-Quaïda », Revue internationale et stratégique, n°75, automne 2009, pp. 101-105
V. Brown, « Stratégie: que veut Al-Qaïda? », Alternatives Internationales, n° 041 - décembre 2008. Consulté sur http://www.cairn.info
F. Burgat, « La génération Al-Qaeda. Les courants islamistes entre « dénominateur commun identitaire » et internationalisation de la résistance « islamique » », Mouvements 2004/5, n° 36, pp. 77-87
X. Raufer, « L'énigme « Al-Qaïda » », Outre-terre, 2006/1, n°14, pp. 39-48
F. Clair, « The new evolutions of international jihadi terrorism »
 

t3k1lla

Elite
tu peux résumer en une dizaine de mots stp? t'es sur gamerz ici le forum uber lazy
 
1er
OP
Havane

Havane

Funky fresh Masta
Ce truc tient sur 3 pages A4 faut pas se foutre de la gueule du monde. Si ca t'intéresses, prend la peine de lire. C'est bien la peste intellectuelle de notre temps: croire que tout peut se résumer en qq lignes.
 
M

.MalixXx

ex membre
Olivier Roy souligne quant à lui que la nébuleuse ne propose que « la vengeance à la frustration » et n'a d'autre stratégie que de créer un fossé infranchissable entre Occident et monde islamique. Il écrit « Ils meurent pour la signification du geste mais pas pour son résultat, ils sont dans la réalisation de soi et donc dans une dimension mystique, mais pas dans l'ordre politique. Il n'y à donc rien à négocier ».
Je pense que ce passage résume la mentalité / le ressenti de pas mal de personnes : certains islamiques sont considérés comme des martyrs, mais pour au final n'obtenir que de "faibles" résultats sur le plan politique... Je ne comprends dès lors pas l'utilité du geste.

Pour moi, les états islamiques (et islamistes ?) veulent se différencier par rapport aux sociétés occidentales en réponse à, comme il est dit, une éventuelle frustration.

C'est peut-être (surement ?) un domaine qui me dépasse de loin, mais je ne comprends quand même pas pourquoi certaines mouvances de l'Islam cherchent à se démarquer si radicalement de l'Occident. J'ai l'impression que la religion est trop présente dans les moeurs et dans le monde politique, ce qui amène à un "clivage psychologique" entre ceux qui partagent et ceux qui ne partagent pas ces idéaux religieux/politiques...

A qui le tort ? A nous, Occidentaux, de dénigrer une autre culture et à vouloir les adapter à nos sociétés, ou à eux, Orientaux/Islamiques, de se focaliser à conserver un système politico-religieux, quitte à haïr ce qu'il leur est étranger et donc représentatif d'une menace ? J'en sais rien, mais personnellement je ne comprends pas comment nous sommes encore face à ce genre de "débat" à l'heure actuelle...

( PS : ceci est mon avis, libre à chacun d'avoir une opinion divergente )
 
1er
OP
Havane

Havane

Funky fresh Masta
Il faut bien comprendre que le référent islamique n'est pas en lui-même porteur de violence politique.

Le recours au référent islamique, historiquement, nait en fait d'un simple constat. Celui qui veut que les pays arabes(ophones), se trouvent actuellement dans une situation pas très glorieuse pour la plupart. Il ne faut pas oublier que le Maghreb fut a son apogée une terre de culture, de développement, de bourgeonnement intellectuel. En face de cela, ils se trouvent dans une situation ou les régimes arabes en place sont totalement inféodés à l'occident. En réaction, certains prônent (à tord ou a raison) un retour aux valeurs fondamentales de l'Islam qui auraient fait la grandeur de leur civilisation. Ces valeurs ne sont pas forcément violentes ou belliqueuses comme certains le prétendent. Mais le fait de ne laisser aucune place à ces courants pour s'exprimer génère forcément de la frustration et décridibilise le processus légal.

Au final la démocratie plutôt qu'un système permettant l'expression de chacun est vue comme un instrument d'impérialisme qui ne laisse pas de place a tout le monde et donc comme essentiellement occidentale.

La mise à distance par rapport aux sociétés coloniales et l'affirmation d'une identité propre, c'est un processus qui a eu lieu partout dans les pays du sud. Le gros souci c'est que dans le cas des sociétés musulmanes, cette remise à distance n'a pas été possible pour des raisons géopolitiques...

J'ajouterai que la question de savoir "à qui le tord" est une impasse... il faut être deux pour ne pas se comprendre. Ce qu'il faut aujourd'hui c'est trouver une façon de vivre ensemble qui ne diabolise personne sans tomber dans l'angélisme et sans s'exposer à des réseaux qui sont effectivement terroristes.

Tout comme le rejet indiscriminé de l'occident est une mauvaise chose, la diabolisation de l'islam n'apportera rien de bon...
 
M

.MalixXx

ex membre
Mais à l'heure actuelle, un "retour aux sources" et une réforme profonde des systèmes mis en place dans les pays arabophones est-elle envisageable compte tenu de l'évolution des mentalités ?

Je veux dire, est-il encore possible de vivre comme il y a 200 ans actuellement ? Même dans les pays du Maghreb où il n'y a à peu près rien, dans une dictature ( comprenez : la Libye ), c'est tout bonnement impossible, même si amène quelques changements à ce que dicte le Coran...

Il y a un moment où il faudra bien que ces civilisations évoluent, pas forcément vers des sociétés pro-occidentales, mais au moins dans le même chemin au début. Même si on veut s'en différencier.

Maintenant s'ils s'en foutent de la technologie, de la démocratie et l'évolution, libre à eux de sucer des cailloux et de péricliter durant de nombreuses années...
 
1er
OP
Havane

Havane

Funky fresh Masta
C'est ca toute la subtilité de la chose. Construire une société sur un référent islamique ca ne veut pas forcément dire rejeter tout en bloc et revenir au temps du Prophète. Seuls les salafistes, wahhabistes et autres Deobandis prônent cela. Ca peut parfaitement s'exprimer différemment. Je donnerai quelques exemples.

Quand la commission dirigée par Giscard affirme que la Turquie n'a rien a foutre dans l'Europe au nom de "l'identité judéo chrétienne de l'UE", ca ne choque personne...

Si on regarde Israël, c'est un Etat théocratique dont la légitimité se trouve entre autres dans les textes religieux et qui l'affirme. La séparation entre religieux et Etat n'est pas très claire, ca n'a pas l'air de gêner l'ONU.

Enfin, l'Arabie Saoudite toute religieuse qu'elle soit ne crache pas forcément sur la technologie pas plus que les islamistes turcs n'ont interdit la musique ou les distractions...

Les exemples on en trouve à la pelle et à y regarder de plus près, les frères musulmans et Ben Laden n'ont pas grand chose en commun!
 

eGm_

Gibon Blasé
Tldr !
 

La Poubelle

Pou'r allé Danché
Ce truc tient sur 3 pages A4 faut pas se foutre de la gueule du monde. Si ca t'intéresses, prend la peine de lire. C'est bien la peste intellectuelle de notre temps: croire que tout peut se résumer en qq lignes.
Par contre, tu viens de faire un superbe résumé de ceux qui discutent de ce genre de sujet : Il leur faut des titres pour avoir des discutions de longues haleines :p
 

Bowman

2busy4u
tl ; dr
 

Ochinko

Jedi
Merci pour ce texte Havane, on voit directement que lorsqu'on propose aux gens de lire et réfléchir un peu, il y a beaucoup moins de monde qui se présente au portillon ... et surtout parmi ceux qui ont l'habitude de venir cracher leur venin raciste à la première occasion.

Al-Qaeda me fait un peu penser à la NVA d'une certaine manière (toute proportion gardée). Ils ont réussi à créer un tel problème de par leurs actions et leur rhétorique, que les gens sont maintenant appelés à être pour ou contre leur mouvement (l'indifférence étant impossible). Si évidemment en Europe occidentale, ou aux USA (où la tendance est encore plus nette), la question ne se pose pas vraiment et la plupart des gens prennent parti contre eux, dans les pays à majorité musulmane, la situation est beaucoup moins claire et une partie de l'opinion va se mettre à les soutenir, même si ils ne sont pas particulièrement enthousiastes par rapport au projet Al-Qaeda. Mais ne pas les soutenir devient quasi synonyme de trahison ou en tout cas de manque de solidarité vis-à-vis de ses frères musulmans. De plus, la radicalisation identitaire occidentale vis-à-vis de ses racines judéo-chrétiennes (bien aidés par des politiciens comme Sarah Palin ou même Nicolas Sarkozy), consécutive à cette idée que l'Islam devient la menace première de la civilisation occidentale, contribue à une réaction semblable du côté musulman et entraine un cercle vicieux de radicalisation. La question étant, comment interrompre cet escalade et revenir à une situation un peu moins explosive, sachant qu'il est quasiment impossible de négocier avec Al-Qaeda vu son organisation (ou manque d'organisation) et la nature même de son projet. Certains estiment que nous nous trouvons déjà dans une guerre de Religions, ce que je ne pense pas, mais je n'ai aucune idée de la bonne stratégie à adopter de notre part pour apaiser la situation à long terme. Les plus pessimistes craignent évidemment le terrorisme nucléaire (ou bactériologique ou chimique), auquel je ne sais pas si Al-Qaeda aurait recours si elle en avait les moyens, mais j'avoue que l'idée fait assez froid dans le dos. On peut néanmoins imaginer qu'Al-Qaeda n'hésiterait pas à utiliser ce genre de moyen vu qu'ils n'ont pas hésité à tuer des milliers de civils (dont des musulmans) lors des attaques du 11 septembre 2001.
 

Sigmund

Philololologue
Ochi y a pas de touche "enter" sur ton clavier? :-(

Sinon c'est clair que le musulman devient/est, dans l'inconscient collectif, le "méchant".

Et vu comme le cercle vicieux est lancé, ça va pas s'améliorer... du coup je sais pas trop quoi prôner comme réaction/solution.
 

Mbiker

Vieux crabe
Le problème n'est pas Al Qaeda, le problème c'est de vouloir encadrer une société dans des dogmes religieux (et de vouloir coller ceux-ci dans nos sociétés occidentales). Tant qu'on fera passer ça avant tout le reste, il ne faudra pas croire qu'un jour ces sociétés tendront vers une quelconque démocratie et qu'il sera possible d'entamer des discussions constructives à long terme.
 
1er
OP
Havane

Havane

Funky fresh Masta
Je te rejoins totalement sur ce coup là Ochi. Ce que tu décris est en fait la traduction pratique du "Choc des civilisations" "prédit" en 1996 par Samuel Huntington. La majorité des chercheurs/penseurs européens sont opposés à cette thèse. Pour la faire courte, ca dit qu'après 1989 (Chute du mur pour les lambins du fond) les relations internationales vont se restructurer autour d'espaces de sens "civilisationnels" et opposer les européens aux musulmans, chinois, amerloques, slaves etc etc. On percoit bien dans ces thèses le besoin FONDAMENTAL pour les USA de se désigner un ennemi commun. Carl Schmitt (même si toute son oeuvre n'est pas de qualité égale, potes nazis, etc.) a démontré que l'ennemi est le moteur le plus puissant dans la construction d'une identité nationale.

Alors ce qui se passe en réalité, côté occidental, c'est qu'on a longtemps pris les thèses d'Huntington pour des acquis et qu'on a donc enclenché le mécanisme bien connu des prophéties auto réalistatrices. Après, le discours politique fait évidemment échos dans les pays musulmans qui réagissent de diverses manières.

Le parallèle ac la NVA est intéressant, j'y avais déjà pensé en fait. Ils partagent une autre caractéristique c'est que leur apogée est derrière eux. De Wever ne fera plus JAMAIS un pareil score (je met mon zgueg sur la guillotine s'il le faut) et Al Qaeda ne fera plus JAMAIS un attentat aussi "grandiose". Leur capacité opérationelle effective a fortement chuté depuis lors. Par contre la visibilité dont ils bénéficient a décuplé leur capacité à occuper l'espace mental du public, ce qui est le but de tout terroriste.

Pour ce qui est du terrorisme NRBC (nucléaire, radiologique, bactériologique, chimique), pour le moment on a aucune preuve que quiconque aie des intentions dans ce sens.En réalité on peut déjà écarter le nuclaire, chimique et bactério. Nucléaire et bactério ce sont des techniques bcp trop complexes pr qu'une organisation aussi peu structurée puisse les maitriser correctement. Deja les explosifs classiques a base d'engrais etc, ca pète une fois sur deux ou trois. Et puis fondamentalement, le but c'est la frappe aveugle, instaurer la peur. Le conventionnel y suffit largement et si on affirme une volonté d'acquérir le nucléaire, l'effet est quasiment le même que si on l'avait. On a deja eu des cas d'attaques au chimique (Gaz Sarin au Japon par la secte Moon et c'est quasi le seul cas avéré) mais encore une fois le conventionnel est plus efficace.

Ce qu'on redoute le plus c'est la menace radiologique. La bombe sale comme on dit... Donc du conventionnel avec des déchets nucléaires. L'effet escompté d'une arme pareille c'est d'être une "Weapon of massive disruption" donc arme de désorganisation massive. Le cout du nettoyage, la fermeture de la zone si c'est un centre ville serait un coup très très dur pour le pays touché. MAis en terme de morts effectifs, rien de très spectaculaire. Encore une fois on a pour le moment aucun élément allant dans ce sens là. Pour éviter ca, la seule solution c'est de sécuriser au max le cycle du combustible ce qui parait faisable mais politiquement difficile.
 

Ochinko

Jedi
Disons que j'ai amené la possibilité du terrorisme nucléaire car j'ai déjà lu quelques articles où il en était ouvertement question, mais je n'ai pas vraiment étudié la question (et je ne compte pas le faire :mrgreen:). Il s'agissait sans doute d'article alarmistes, et ils ont sans doute tendance à être plus alarmistes de mon côté de l'Atlantique. Cependant, habitant la région de Washington DC, je me suis déjà demandé une fois où deux si le terrorisme nucléaire était une possibilité réelle :mrgreen: (je ne crois pas qu'on soit vraiment mieux servi en habitant Bruxelles btw).

Il semblerait néanmoins qu'il y ait parfois du combustible nucléaire qui disparaisse, et la perspective de stocks de matériel nucléaire pas vraiment bien gardé (genre en Russie) ou aux mains de régimes aux intentions pas très claires (Iran eg) fait quand même un peu froid dans le dos.
 
1er
OP
Havane

Havane

Funky fresh Masta
L'Iran ne m'inquiète pas outremesure en réalité, je suis plus inquiet en recvanche du côté d'Islamabad qui a la bombe et qui pourrait tomber aux mains de partis peu recommandables. Pour ce qui est des stocks russes, c'est a eux que je fais référence quand je parle de sécuriser le cycle du combustible... Comme dit notre ami rumsfeld l'absence de preuve n'est pas la preuve de l'absence mais pour le moment, on a rien de concret :)
 

Fish

Bouillant même !
Ochi y a pas de touche "enter" sur ton clavier? :-(

Sinon c'est clair que le musulman devient/est, dans l'inconscient collectif, le "méchant".

Et vu comme le cercle vicieux est lancé, ça va pas s'améliorer... du coup je sais pas trop quoi prôner comme réaction/solution.
dans mon inconscient le méchant c'est n'importe quel couillon extremiste, de n'importe quel extreme qu'il soit, de gauche de droite, sioniste c(h)réti(e)n etc

le milieu c'est tellement mieux
 
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