Havane
Funky fresh Masta
Je me permet de poster ce topic suite à l'article concernant les menaces proférées à l'encontre de la France. J'ai lu les réponses en diagonales et je me rend compte qu'il y à beaucoup de choses qui sont dites, bonnes comme mauvaises...
Mais en fait, qui sont ces gens, quel lien entretiennent-t-ils avec un saoudien qui se cache probablement au Pakistan? Savent ils tous piloter des 747? Le sanglier, ca compte pour du porc?
Je prétend pas détenir la Vérite (pour cela, cfr. le Coran) mais je me suis dit que je pourrai vous faire profiter d'un papier que j'ai du écrire il y a qq mois:
La mouvance Al Qaeda a-t-elle un projet politique?
Pour répondre à cette question, il nous semble indispensable de commencer par définir les contours de cette « mouvance » Al Qaeda ainsi que son mode de fonctionnement. Dans un deuxième temps nous tâcherons de décrire les objectifs poursuivis par cette mouvance ainsi que les moyens mis en oeuvre pour les atteindre. A l'issue de ces deux étapes nous essayeront de trancher la question de savoir si l'on peut réellement parler d'un « projet politique ».
Comme le signale Xavier Raufer, Al Quaeda (NDLR: « la base » en arabe) a, après les attentats du 11 septembre 2001, été présentée par l'administration américaine comme une « organisation » pyramidale comportant des numéros un et des numéros deux. Même si les dirigeants d'outre atlantique ont depuis compris leur erreur d'appréciation, il n'en reste pas moins que cette erreur témoigne d'une méconnaissance profonde de l'univers mental de la mouvance salafiste de la part des autorités américaines. L'auteur prend pour exemple de cette méconnaissance la relative panique lors du 11 septembre 2002 où les autorités craignaient de nouveaux attentats en forme de commémoration. Or, d'une part les musulmans ont un calendrier lunaire et d'autre par il est totalement hérétique pour les salafistes de célébrer n'importe quel anniversaire, même celui du Prophète. En fait il semble bien que le schéma organisationnel de cette mouvance soit plus complexe et moins rigide que celui d'une organisation à l'occidentale, la nébuleuse serait quasiment comparable à une entité vivante. L'auteur décrit la mouvance comme « un réseau souple, flexible et résistant assurant tant l'adhésion de chacun à un segment que la cohésion de l'ensemble. »
Ainsi donc des figures comme Ben Laden ou El Zawahiri ne seraient pas tant des leaders opérationnels que des leaders moraux qui, via des techniques de communication modernes, propagent leur message belliqueux en tentant de susciter un maximum d'adhésions à leurs thèses mais sans pour autant encadrer réellement la chose. Il ne s'agit pas d'enrôler des combattants dans une organisation rigide mais bien de sensibiliser la communauté musulmane à l'importance de leur cause et d'encourager un passage à l'acte. Al Qaeda est donc une sorte de « franchise » dont à peu près n'importe qui peut se revendiquer dès lors qu'il agit dans le cadre du jihad globalisé et déterritorialisé que prônent les leaders du mouvement. Cela donne notamment naissance au phénomène de « home grown terrorists » qui sont des personnes nées dans des pays occidentaux, ayant parfois tâté de la petite délinquance et qui s'auto-radicalisent et sont, du fait de leur autonomie relative, plus difficile à repérer.
En outre, la galaxie Al Qaeda s'enorgueillit de l'existence de ces convertis qui seraient une preuve du succès rencontré dans la mondialisation de la lutte qui déborde ainsi des frontières traditionnelles de l'Islam.
Il est difficile de pointer une date précise où un évènement marquant formellement la naissance de la « nébuleuse ». Néanmoins il est généralement admis que l'utilisation de la péninsule arabique comme « porte-avions » lors de la guerre du golfe au début des années 1990 a suscité une vague d'indignation dans le chef d'une partie de l'establishment salafiste. La famille royale est jugée trop proche des Etats-Unis et sa participation au processus de paix au Proche-Orient est vue comme une sorte de « reculade honteuse ». Ainsi une partie importante des autorités religieuses officielles du royaume écrivent aux autorités politiques une lettre ouvertes argumentant vivement ces deux points de vue. Il s'en suivra une vague de contestation dans tout le pays qui débouchera sur la création d'un substrat propice à l'émergence de la nébuleuse.
Selon François Burgat, cet islamisme de « troisième génération » résulte de la conjonction de trois facteurs:
-La poussée de l'interventionnisme et de l'unilatéralisme des USA.
-Le fait que la « formule politique arabe » nie toute forme de représentation de la mouvance islamiste et que cette formule soit soutenue et bénéficie en même temps à des promoteurs étrangers. (De ce constat vient en partie la distinction entre « ennemi proche » et « ennemi lointain »)
-La capitalisation d'un double acquis des partisans de « l'action directe »: La victoire sur l'URSS en Afghanistan et l'échec de la concurrence légaliste incapable d'acquérir du crédit du fait de l'intransigeance des régimes arabes à leur égard. (cf. Les Frères Musulmans)
Avant de passer en revue les objectifs et les modus operandi de la nébuleuse, il nous semble important ici de faire une petite mise au point sur le caractère « islamique » du mouvement. Certains observateurs trop pressés où spécialistes auto-proclamés du terrorisme ont trop souvent fait l'amalgame entre « islamisme » et « action directe ». Les groupes islamistes seraient violent du fait même de leur référentiel religieux. Nous partageons le désaccord de François Burgat sur ce point. A notre avis le caractère « islamique » doit se comprendre comme un dénominateur commun identitaire à des groupes en réalité très variés cherchant tous à se « distancier » de l'occident en reprenant le vocable musulman afin de rompre définitivement avec la domination coloniale puis avec l'impérialisme qui a prit sa suite. Là où la violence devient un mode d'action crédible c'est en raison de l'échec des procédés légaux qui sont, de ce fait, discrédités et présentés comme essentiellement occidentaux. Mais ce n'est pas là l'apanage des islamistes, « [...] la légitimation du recours à l'action armée pouvant parfaitement se passer du référentiel islamique, l'acceptation sans réserve des exigence de la démocratie pouvant parfaitement s'en accommoder. »
Voyons maintenant ce que veut Al Qaeda. Comme nous l'avons déjà dit, l'action d'Al Qaeda s'inscrit dans une logique de propagande et de rejet indiscriminé de l'occident. Concrètement l'objectif annoncé de la mouvance est « la renaissance du califat ». Le califat désigne un Etat théocratique, régit par la charia et qui s'étendrait de l'Espagne à la Chine. Cependant on voit mal comment l'envoi de deux avions de ligne dans le World Tarde Center où encore l'explosion de bombes dans les transports publics en Europe participent à l'instauration de cette entité. Du propre aveu des « stratèges » de la nébuleuse, cet objectif est encore très très éloigné mais les actions menées aujourd'hui s'inscrivent dans un long processus de changement révolutionnaire dont les actions terroristes seraient le catalyseur. A la suite du conflit Afghan les opposants à l'URSS, les dirigeants de la future Al Qaeda en sont parvenus à différentes conclusions: réduit à un cadre national, le combat islamiste est voué à l'échec car les « régimes apostats » bénéficient du soutien sans faille de l'Occident, de plus, l'attractivité du combat islamiste national est dans tous les cas très limité.
A l'inverse l'appel au sentiment panislamique qui à fait le succès de la campagne Afghane a permis de contourner ces obstacles et de mobiliser les militants islamistes pour la défense de la foi. Ainsi on passe d'un cadre national de lutte à une lutte mondialisée. L'objectif premier n'est pas tant d'installer des pouvoirs islamiques en lieu et place des régimes apostats mais de créer un chaos au sein du monde musulman qui débouchera sur l'effondrement des régimes actuels. Par la suite, d'autres organisations devraient prendre le relais afin de définir une alternative qui s'accorderait avec la vision d'Al Qaeda.
Les stratèges de l'organisation ont cependant mis au point une « feuille de route » en 8 étapes allant du chaos au califat. La transition entre les deux situations s'opérant via le remplissage du vide sécuritaire laissé par l'effondrement des régimes apostats. Comme on l'a vu en Afghanistan, la sécurité et la justice sont deux domaines où les islamistes peuvent remporter quelques succès via l'application stricte de la charia, par contre rien n'est dit sur un quelconque projet économique où sociopolitique. Mais dans l'ensemble si le chaos survient effectivement, le domaine de la sécurité sera sans nul doute celui auquel la population sera le plus sensible, permettant ainsi de renforcer la crédibilité du nouveau régime.
Mais en fait, qui sont ces gens, quel lien entretiennent-t-ils avec un saoudien qui se cache probablement au Pakistan? Savent ils tous piloter des 747? Le sanglier, ca compte pour du porc?
Je prétend pas détenir la Vérite (pour cela, cfr. le Coran) mais je me suis dit que je pourrai vous faire profiter d'un papier que j'ai du écrire il y a qq mois:
La mouvance Al Qaeda a-t-elle un projet politique?
Pour répondre à cette question, il nous semble indispensable de commencer par définir les contours de cette « mouvance » Al Qaeda ainsi que son mode de fonctionnement. Dans un deuxième temps nous tâcherons de décrire les objectifs poursuivis par cette mouvance ainsi que les moyens mis en oeuvre pour les atteindre. A l'issue de ces deux étapes nous essayeront de trancher la question de savoir si l'on peut réellement parler d'un « projet politique ».
Comme le signale Xavier Raufer, Al Quaeda (NDLR: « la base » en arabe) a, après les attentats du 11 septembre 2001, été présentée par l'administration américaine comme une « organisation » pyramidale comportant des numéros un et des numéros deux. Même si les dirigeants d'outre atlantique ont depuis compris leur erreur d'appréciation, il n'en reste pas moins que cette erreur témoigne d'une méconnaissance profonde de l'univers mental de la mouvance salafiste de la part des autorités américaines. L'auteur prend pour exemple de cette méconnaissance la relative panique lors du 11 septembre 2002 où les autorités craignaient de nouveaux attentats en forme de commémoration. Or, d'une part les musulmans ont un calendrier lunaire et d'autre par il est totalement hérétique pour les salafistes de célébrer n'importe quel anniversaire, même celui du Prophète. En fait il semble bien que le schéma organisationnel de cette mouvance soit plus complexe et moins rigide que celui d'une organisation à l'occidentale, la nébuleuse serait quasiment comparable à une entité vivante. L'auteur décrit la mouvance comme « un réseau souple, flexible et résistant assurant tant l'adhésion de chacun à un segment que la cohésion de l'ensemble. »
Ainsi donc des figures comme Ben Laden ou El Zawahiri ne seraient pas tant des leaders opérationnels que des leaders moraux qui, via des techniques de communication modernes, propagent leur message belliqueux en tentant de susciter un maximum d'adhésions à leurs thèses mais sans pour autant encadrer réellement la chose. Il ne s'agit pas d'enrôler des combattants dans une organisation rigide mais bien de sensibiliser la communauté musulmane à l'importance de leur cause et d'encourager un passage à l'acte. Al Qaeda est donc une sorte de « franchise » dont à peu près n'importe qui peut se revendiquer dès lors qu'il agit dans le cadre du jihad globalisé et déterritorialisé que prônent les leaders du mouvement. Cela donne notamment naissance au phénomène de « home grown terrorists » qui sont des personnes nées dans des pays occidentaux, ayant parfois tâté de la petite délinquance et qui s'auto-radicalisent et sont, du fait de leur autonomie relative, plus difficile à repérer.
En outre, la galaxie Al Qaeda s'enorgueillit de l'existence de ces convertis qui seraient une preuve du succès rencontré dans la mondialisation de la lutte qui déborde ainsi des frontières traditionnelles de l'Islam.
Il est difficile de pointer une date précise où un évènement marquant formellement la naissance de la « nébuleuse ». Néanmoins il est généralement admis que l'utilisation de la péninsule arabique comme « porte-avions » lors de la guerre du golfe au début des années 1990 a suscité une vague d'indignation dans le chef d'une partie de l'establishment salafiste. La famille royale est jugée trop proche des Etats-Unis et sa participation au processus de paix au Proche-Orient est vue comme une sorte de « reculade honteuse ». Ainsi une partie importante des autorités religieuses officielles du royaume écrivent aux autorités politiques une lettre ouvertes argumentant vivement ces deux points de vue. Il s'en suivra une vague de contestation dans tout le pays qui débouchera sur la création d'un substrat propice à l'émergence de la nébuleuse.
Selon François Burgat, cet islamisme de « troisième génération » résulte de la conjonction de trois facteurs:
-La poussée de l'interventionnisme et de l'unilatéralisme des USA.
-Le fait que la « formule politique arabe » nie toute forme de représentation de la mouvance islamiste et que cette formule soit soutenue et bénéficie en même temps à des promoteurs étrangers. (De ce constat vient en partie la distinction entre « ennemi proche » et « ennemi lointain »)
-La capitalisation d'un double acquis des partisans de « l'action directe »: La victoire sur l'URSS en Afghanistan et l'échec de la concurrence légaliste incapable d'acquérir du crédit du fait de l'intransigeance des régimes arabes à leur égard. (cf. Les Frères Musulmans)
Avant de passer en revue les objectifs et les modus operandi de la nébuleuse, il nous semble important ici de faire une petite mise au point sur le caractère « islamique » du mouvement. Certains observateurs trop pressés où spécialistes auto-proclamés du terrorisme ont trop souvent fait l'amalgame entre « islamisme » et « action directe ». Les groupes islamistes seraient violent du fait même de leur référentiel religieux. Nous partageons le désaccord de François Burgat sur ce point. A notre avis le caractère « islamique » doit se comprendre comme un dénominateur commun identitaire à des groupes en réalité très variés cherchant tous à se « distancier » de l'occident en reprenant le vocable musulman afin de rompre définitivement avec la domination coloniale puis avec l'impérialisme qui a prit sa suite. Là où la violence devient un mode d'action crédible c'est en raison de l'échec des procédés légaux qui sont, de ce fait, discrédités et présentés comme essentiellement occidentaux. Mais ce n'est pas là l'apanage des islamistes, « [...] la légitimation du recours à l'action armée pouvant parfaitement se passer du référentiel islamique, l'acceptation sans réserve des exigence de la démocratie pouvant parfaitement s'en accommoder. »
Voyons maintenant ce que veut Al Qaeda. Comme nous l'avons déjà dit, l'action d'Al Qaeda s'inscrit dans une logique de propagande et de rejet indiscriminé de l'occident. Concrètement l'objectif annoncé de la mouvance est « la renaissance du califat ». Le califat désigne un Etat théocratique, régit par la charia et qui s'étendrait de l'Espagne à la Chine. Cependant on voit mal comment l'envoi de deux avions de ligne dans le World Tarde Center où encore l'explosion de bombes dans les transports publics en Europe participent à l'instauration de cette entité. Du propre aveu des « stratèges » de la nébuleuse, cet objectif est encore très très éloigné mais les actions menées aujourd'hui s'inscrivent dans un long processus de changement révolutionnaire dont les actions terroristes seraient le catalyseur. A la suite du conflit Afghan les opposants à l'URSS, les dirigeants de la future Al Qaeda en sont parvenus à différentes conclusions: réduit à un cadre national, le combat islamiste est voué à l'échec car les « régimes apostats » bénéficient du soutien sans faille de l'Occident, de plus, l'attractivité du combat islamiste national est dans tous les cas très limité.
A l'inverse l'appel au sentiment panislamique qui à fait le succès de la campagne Afghane a permis de contourner ces obstacles et de mobiliser les militants islamistes pour la défense de la foi. Ainsi on passe d'un cadre national de lutte à une lutte mondialisée. L'objectif premier n'est pas tant d'installer des pouvoirs islamiques en lieu et place des régimes apostats mais de créer un chaos au sein du monde musulman qui débouchera sur l'effondrement des régimes actuels. Par la suite, d'autres organisations devraient prendre le relais afin de définir une alternative qui s'accorderait avec la vision d'Al Qaeda.
Les stratèges de l'organisation ont cependant mis au point une « feuille de route » en 8 étapes allant du chaos au califat. La transition entre les deux situations s'opérant via le remplissage du vide sécuritaire laissé par l'effondrement des régimes apostats. Comme on l'a vu en Afghanistan, la sécurité et la justice sont deux domaines où les islamistes peuvent remporter quelques succès via l'application stricte de la charia, par contre rien n'est dit sur un quelconque projet économique où sociopolitique. Mais dans l'ensemble si le chaos survient effectivement, le domaine de la sécurité sera sans nul doute celui auquel la population sera le plus sensible, permettant ainsi de renforcer la crédibilité du nouveau régime.