"Un Roi sans pays", un Roi nu, aussi
Loin de "Place Royale" ou "C'est du belge", Steven Samyn et Martin Buxant proposent un ouvrage sur la monarchie qui risque de provoquer pas mal de réactions. Le colloque singulier n'est plus qu'un lointain souvenir. Et le prince Philippe n'y est guère présenté sous son meilleur jour.
Martin Buxant et Steven Samyn, l'un francophone, l'autre Flamand, sont deux journalistes responsables d'une série d'articles publiés l'an dernier par leurs journaux respectifs (La Libre Belgique et De Standaard, Steven Samyn ayant depuis rejoint De Morgen) et intitulée "Le pouvoir de la Couronne".
Ces papiers avaient obtenu le soutien financier du Fonds Prince Philippe et révélaient déjà un quasi consensus politique : il faut faire évoluer la monarchie, qu'elle devienne plus protocolaire, "scandinave". Cet assentiment général est toujours présent. Et dans les discussions autour de la sixième réforme de l'Etat, nul doute que l'un des chapitres les moins compliqués de la négociation aura trait à cette évolution de la monarchie.
Car si Albert II est très apprécié du personnel politique interrogé dans cette enquête, on a presque envie d'écrire que la méfiance entre les "politiques" et Philippe est comparable à celle entre certains partis du nord et du sud du pays...
Philippe: une classe politique "préoccupée"
Difficile de trouver des supporters du prince héritier. Les propos tenus par les personnalités politiques sont très durs : "Tout le monde se demande s'il aura l'intelligence et l'humilité de son père. Nous sommes préoccupés. Et si le Parlement pouvait choisir, il ne fait aucun doute que nous choisirions immédiatement la princesse Astrid qui est beaucoup plus encline au compromis que son frère."
Steven Samyn et Martin Buxant reviennent largement sur la trajectoire du fils aîné du roi Albert II, sa déception quand son père a succédé à Baudouin, ses missions économiques à l'étranger, son entourage, son caractère. Le portrait est peu flatteur, à l'inverse de celui de son père, très apprécié par ses interlocuteurs. Féru d'économie, mais bon vivant, jamais avare d'un bon mot, d'une blague, même devant Bart De Wever...
Lorsque le moment sera venu, il est certain qu'Albert II sera regretté par toute la classe politique belge, qui, dans le livre, n'assène que des louanges au Roi pour sa gestion de ces dernières années de crise politique...
Albert II, un roi nu
L'un des éléments les plus prégnants à la lecture de cet ouvrage, c'est la fin "officielle", pourrait-on dire, du colloque singulier, ce rendez-vous au sommet de l'Etat belge.
Les deux journalistes ont interrogé toutes les personnalités qui ont eu affaire au Roi au cours de ces deux dernières années. Et tout le monde a parlé. Certains éléments rapportés le sont à visage découvert (Philippe Moureaux, Alexander De Croo, Johan Vande Lanotte, par exemple), d'autres - les plus croustillants - le sont de façon anonyme. Mais l'observateur (très) avisé n'aura pas trop de peine à remonter le fil des discussions, au gré des dates, des contextes où les propos ont été tenus.
Ainsi, selon les auteurs, Albert II a balayé toutes velléités de convoquer à nouveau l'électeur aux urnes : "(...) Je ne signerai jamais pour aller à de nouvelles élections, je n'autoriserai pas cela ! C'est hors de question !"
Sire, le colloque singulier n'est plus. Le Palais l'a confirmé ce jeudi, en regrettant "que la discrétion du colloque singulier ne soit pas respectée". Non sans relever des inexactitudes dans les propos rapportés, dont ceux relatifs au refus du roi de tenir de nouvelles élections...
Himad Messoudi
"Belgique, un Roi sans pays", de Martin Buxant et Steven Samyn, éditions Plon
Source: RTBF.be
J'ai commencé à le lire et je dois dire qu'il y a des passages croustillants!
Loin de "Place Royale" ou "C'est du belge", Steven Samyn et Martin Buxant proposent un ouvrage sur la monarchie qui risque de provoquer pas mal de réactions. Le colloque singulier n'est plus qu'un lointain souvenir. Et le prince Philippe n'y est guère présenté sous son meilleur jour.
Martin Buxant et Steven Samyn, l'un francophone, l'autre Flamand, sont deux journalistes responsables d'une série d'articles publiés l'an dernier par leurs journaux respectifs (La Libre Belgique et De Standaard, Steven Samyn ayant depuis rejoint De Morgen) et intitulée "Le pouvoir de la Couronne".
Ces papiers avaient obtenu le soutien financier du Fonds Prince Philippe et révélaient déjà un quasi consensus politique : il faut faire évoluer la monarchie, qu'elle devienne plus protocolaire, "scandinave". Cet assentiment général est toujours présent. Et dans les discussions autour de la sixième réforme de l'Etat, nul doute que l'un des chapitres les moins compliqués de la négociation aura trait à cette évolution de la monarchie.
Car si Albert II est très apprécié du personnel politique interrogé dans cette enquête, on a presque envie d'écrire que la méfiance entre les "politiques" et Philippe est comparable à celle entre certains partis du nord et du sud du pays...
Philippe: une classe politique "préoccupée"
Difficile de trouver des supporters du prince héritier. Les propos tenus par les personnalités politiques sont très durs : "Tout le monde se demande s'il aura l'intelligence et l'humilité de son père. Nous sommes préoccupés. Et si le Parlement pouvait choisir, il ne fait aucun doute que nous choisirions immédiatement la princesse Astrid qui est beaucoup plus encline au compromis que son frère."
Steven Samyn et Martin Buxant reviennent largement sur la trajectoire du fils aîné du roi Albert II, sa déception quand son père a succédé à Baudouin, ses missions économiques à l'étranger, son entourage, son caractère. Le portrait est peu flatteur, à l'inverse de celui de son père, très apprécié par ses interlocuteurs. Féru d'économie, mais bon vivant, jamais avare d'un bon mot, d'une blague, même devant Bart De Wever...
Lorsque le moment sera venu, il est certain qu'Albert II sera regretté par toute la classe politique belge, qui, dans le livre, n'assène que des louanges au Roi pour sa gestion de ces dernières années de crise politique...
Albert II, un roi nu
L'un des éléments les plus prégnants à la lecture de cet ouvrage, c'est la fin "officielle", pourrait-on dire, du colloque singulier, ce rendez-vous au sommet de l'Etat belge.
Les deux journalistes ont interrogé toutes les personnalités qui ont eu affaire au Roi au cours de ces deux dernières années. Et tout le monde a parlé. Certains éléments rapportés le sont à visage découvert (Philippe Moureaux, Alexander De Croo, Johan Vande Lanotte, par exemple), d'autres - les plus croustillants - le sont de façon anonyme. Mais l'observateur (très) avisé n'aura pas trop de peine à remonter le fil des discussions, au gré des dates, des contextes où les propos ont été tenus.
Ainsi, selon les auteurs, Albert II a balayé toutes velléités de convoquer à nouveau l'électeur aux urnes : "(...) Je ne signerai jamais pour aller à de nouvelles élections, je n'autoriserai pas cela ! C'est hors de question !"
Sire, le colloque singulier n'est plus. Le Palais l'a confirmé ce jeudi, en regrettant "que la discrétion du colloque singulier ne soit pas respectée". Non sans relever des inexactitudes dans les propos rapportés, dont ceux relatifs au refus du roi de tenir de nouvelles élections...
Himad Messoudi
"Belgique, un Roi sans pays", de Martin Buxant et Steven Samyn, éditions Plon
Source: RTBF.be
J'ai commencé à le lire et je dois dire qu'il y a des passages croustillants!