Le côté obscur
Extrait d'un article publié dans Courrier International de Janvier 2007: " Toutefois, une enquête du magazine Los Angeles Times, publiée en janvier 2007, jete un regard moins flatteur sur la fondation Gates. On y apprend que certaines des initiatives retentissantes de la Fondation en matière de santé publique mondiale sont minées par d'autres activités contradictoires. Comme la plupart des organisations philanthropiques, en effet, la fondation Gates consacre chaque année 5 % de ses fonds à l'exemption d'impôts, mais les 95 % restants sont des investissements rémunérateurs visant à assurer la pérennité de l'organisation. Des fonds gérés par des financiers chargés de "diversifier fortement leur portefeuille mais sans directives précises", rapporte le LA Times.
Le quotidien donne de multiples exemples. Au Nigeria, les populations habitant dans la région pétrolifère du delta du Niger souffrent de problèmes respiratoires et de cancers mais aussi d'épidémies de bronchites chez les adultes et, chez les enfants, d'asthme et de problèmes de vue. Des maladies causées par les fumées toxiques qui émanent des flammes des nombreux gisements en feu au Nigeria. Certes, "la fondation Gates a versé 218 millions de dollars pour la recherche et l'immunisation contre la polio et la rougeole à travers le monde, y compris dans la région du delta du Niger. Mais, en même temps qu'elle finançait des campagnes de vaccination, elle a investi 423 millions de dollars dans Eni, Royal Dutch Shell, Exxon Mobil, Chevron et Total, des compagnies éminemment responsables de la pollution dans cette région."
Ce n'est pas un cas isolé. L'enquête du Los Angles Times montre que la fondation Gates a investi avec profit dans plusieurs compagnies reconnues pour leur impact néfaste sur l'environnement et la santé. Mais d'autres activités qui concernent les États-Unis soulèvent également des problèmes éthiques. Ainsi, le quotidien californien révèle que "la fondation Gates avait de gros investissements dans des compagnies de crédit immobilier, qui ont été traduites en justice pour plusieurs raisons : avoir dépossédé de leur propriété des milliers de personnes ; dans une entreprise de santé qui a accepté de payer 1,5 milliard de dollars, pour éviter des ennuis judiciaires en raison d'erreurs médicales et de fraude ; ou encore dans des sociétés de fabrication de chocolat qui feraient travailler des enfants".
En d'autres termes, "les critiques soulignent surtout que la fondation Gates n'a pas usé de sa puissance et de son immense richesse pour changer le comportement des compagnies dans lesquelles elle investit". "