Pour vous mettre l'eau à la bouche, le prologue du premier opus !
"Compagnons d'aventures"
PROLOGUE
Des volutes de fumée pestilentielle sortaient des hautes tours de la Forteresse du Crâne. Ces fumées méphitiques étaient celles des âmes, éternellement tourmentées, que les hauts fourneaux démoniaques brûlaient sans discontinuer. La souffrance de ces pauvres âmes était malheureusement éternelle et le seigneur des lieux ne l’était pas moins. Des milliers de créatures aux aspects les plus étranges et difformes erraient ça et là entre les murs sans cesse grandissant de la forteresse vivante. Les portes, Les murs, toute l’enceinte et les bâtiments annexes étaient bâtis à l’aide de crânes de toutes tailles et de toutes races. Dans la gigantesque cour, des centaines de démons, Balors, Glabrezu et autres Vrocs emmenaient sans ménagement les âmes damnées à leur châtiment éternel. La Forteresse du Crâne dardait sa masse gigantesque dans la grande pleine de la désolation, au centre de la trois cent douzième strate des abysses. Le seigneur démon Ni’mgalem, en était le maître absolu. Pourtant, ce puissant démon se morfondait dans sa forteresse. Jadis vaincu par un autre seigneur démon, Orcus, ce dernier avait réussi à le bannir dans son plan pour plusieurs centaines d’années. Le temps n’était rien pour les seigneurs démons mais le fait de rester ainsi confiné les rendait fous de rage. Ni’mgalem repensait souvent à ce jour béni (c’est à dire maudit) où ses armées et celles de son rival Orcus s’étaient entretuées sur les rives du Styx. Mais Ni’mgalem avait tout de même réussit à arracher un trophée à son ennemi avant d'être banni. Le célèbre et redouté sceptre des morts vivants, le symbole de la puissance d’Orcus était entre ses mains. Bien sur, Orcus s’en était fabriqué un autre, il en était certain, mais c’était tout de même une satisfaction personnelle.
Un jour, pensait-il, oui un jour j’éliminerai Orcus et je deviendrai le maître des abysses.
Il extirpa son immense corps rouge et musculeux de son trône de chair humaine et s'approcha d'une des fenêtres de sa tour. Là, ses grands yeux de braise embrassèrent l’ensemble de sa forteresse. Il contempla les millions d’âmes errant sur son plan et il sourit. Ces âmes étaient celles de nombre de créatures qui avaient osé, au cours des millénaires, passer un pacte avec lui ou un de ses serviteurs et qui s’étaient retrouvé ici après leur mort. Il y en aurait des millions d’autres dans les siècles à venir. Il savait comment tenter les créatures plus faibles. Ses pouvoirs étaient immenses, presque ceux d’un dieu. Et il pouvait exaucer le moindre souhait de quelqu’un en échange de trois fois rien. Son âme. Les pauvres fous acceptant ses pactes ne savaient pas à quoi ils s’attendaient. Ils pensaient pouvoir trahir le pacte, gruger le démon et, pire que tout, ils étaient persuadés que leur dieu les protègerait après leur mort. Peu d’entre eux connaissaient la vérité. Au fil des millénaires, les démons étaient devenus des maîtres du mensonge et de la supercherie et les pactes n’étaient jamais rompus. Les dieux eux-mêmes ne pouvaient rien contre cette loi édictée par les puissances supérieures et, à la mort d’un de leur serviteur qui avait eu la mauvaise idée de pactiser avec un seigneur démon, le dieu n’avait d’autre choix que d’abandonner l’âme à jamais damnée. Parfois, un démon échangeait cette âme contre autre chose, un service ou bien une autre âme. Mais en général, elles étaient jalousement gardées car source du pouvoir monstrueux des seigneurs des abysses. Bien que ces derniers soient en lutte permanente entre eux ainsi qu'avec les diables, finalement, il y avait des âmes fraîches pour tout le monde.
Une étrange impression s’empara du seigneur démon, l’obligeant à revenir à la réalité. Loin, au travers des strates abyssales et des plans d’existence, il entendit scander son nom. Quelqu’un l’appelait. Et Ni’mgalem ne pouvait laisser passer cette chance de rompre son bannissement. Rassemblant son pouvoir, le maître des tentations répondit à l’appel.