Le CPE remercié, sans préavis
Après plus de dix semaines de crise sociale et politique, le président français Jacques Chirac a finalement tranché lundi : le CPE à l'origine de la fronde est abandonné. Il sera remplacé par un dispositif pour les "jeunes en difficulté".
"Sur proposition du Premier ministre et après avoir entendu les présidents des groupes parlementaires et les responsables de la majorité, le Président de la République a décidé de remplacer l'article 8 de la loi sur l'égalité des chances par un dispositif en faveur de l'insertion professionnelle des jeunes en difficulté". C'est ce qu'a annoncé l'Elysée dans un communiqué diffusé à l'issue d'une ultime réunion qui s'est tenue en début de matinée au palais présidentiel en présence des principaux dirigeants de la majorité de droite au pouvoir dont notamment MM. Accoyer et de Rohan qui ont joué les démineurs et ont discuté toute la semaine dernière avec les syndicats.
Une réunion à l’Elysée histoire pour Jacques Chirac de ne pas perdre la face. Et une décision finale commentée par le premier ministre Dominique de Villepin pour lui permettre de reprendre la main et éviter ainsi que Nicolas Sarkozy n’apparaisse comme celui qui a permis de dénouer la crise qui secoue la France depuis 12 semaines. Mais malgré cette double contorsion, la décision de remplacer l'article de loi créant le contrat première embauche est un véritable désaveu pour le Premier ministre. Lui qui avait fait du maintien du CPE un combat personnel.
Le regret de ne pas avoir été compris par tous :
Dans son allocution, Dominique de Villepin a avoué d’un ton grave que "les conditions nécessaires de confiance et de sérénité ne sont réunies ni du côté des jeunes, ni du côté des entreprises pour permettre l'application du contrat première embauche". Il a dit regretté ne pas avoir été "compris par tous", affirmant avoir voulu "agir vite" contre la "situation dramatique" du chômage des jeunes. Malgré les spéculations de la presse, il n’a cependant pas évoqué sa propre démission.
Une victoire pour les anti-CPE :
Ce n’est qu’en fin d’après-midi lundi, que l'intersyndicale anti-CPE doit se retrouver. Quoi qu’il en soit l’abandon du CPE, signe la victoire du mouvement de contestation, lui qui avait toujours fait du retrait du CPE le préalable à toute négociation.
C'est un authentique succès de l'action syndicale et de la mobilisation unie des étudiants, des lycéens, des salariés de toutes générations", a commenté la CGT. Bruno Julliard, président de l'Unef, le principal syndicat étudiant, a annoncé qu'il appelait à "maintenir la pression jusqu'au vote par le Parlement" de l'article remplaçant le CPE. Il a ajouté que la journée d'actions, à l'appel des organisations étudiantes et lycéennes et de la coordination nationale étudiante, de mardi était maintenue. Même position pour la Fédération indépendante et démocratique lycéenne. La Confédération étudiante a elle appelé les étudiants à lever les blocages dans les universités pour permettre aux examens de se tenir dans les meilleures conditions.
La gauche sort ravigorée de cette crise alors qu'elle était plutôt divisée avant. La secrétaire nationale du Parti communiste Marie-Georges Buffet a salué "la formidable victoire" de "la jeunesse" et de l'opposition. De son côté, le premier secrétaire du parti socialiste a souligné "une victoire impressionnante de l'unité syndicale", se réjouissant de "l'abrogation" du CPE. Mais il a insisté sur le fait que les socialistes resteront "vigilants" sur la nouvelle proposition de loi.
Une majorité déchirée :
Jacques Chirac aura tenté jusqu’au bout de soutenir Dominique de Villepin dont il avait fait son dauphin pour lui succéder en 2007 à la présidence française. Mais la pression était devenue trop forte, puisqu'elle venait aussi de son propre camp l’UMP et notamment de son rival Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur et président du parti UMP au pouvoir mais aussi et surtout candidat à la présidentielle. Résultat : l’UMP est véritablement déchirée entre le deux tendances : les pro-villepin et les pro-sarkozy. Et le maintien du CPE tant décrié d'apparaître principalement pour l'opinion comme une lutte de pouvoir entre les deux frères ennemis. Le Premier ministre reste en place, mais des voix se font entendre pour reclamer sa démission.
Sortie de crise :
Dans une initiative inédite depuis le début de la Vè République en 1958, Jacques Chirac avait présenté le 31 mars un scénario complexe de sortie de crise : il avait promulgué la loi instituant le CPE, tout en demandant qu'elle ne soit pas appliquée afin d'en modifier les points les plus controversés. La nouvelle mouture devait prévoir une période d'essai d'un an au lieu de deux et le licenciement sans motif tant décrié devait être remplacé par l'obligation d'en notifier les raisons par écrit.
Mais ce scénario avait été unanimement rejeté par les opposants au CPE, appuyés par l'opposition de gauche. Les anti-CPE avaient d’ailleurs réussi quatre jours plus tard une nouvelle démonstration de force en faisant descendre dans la rue entre un et trois millions de manifestants.
Samedi dernier, Bernard Accoyer, patron du groupe UMP à l'Assemblée, Josselin de Rohanet son alter égo au Sénat, avaient été désignés pour tenter une sortie de crise et renouer le dialogue avec les syndicats et le mouvement étudiant. Objectif qui leur avait été assigné par Dominique de Villepin : "renouer le fil du dialogue et préparer la proposition de loi sans préjugés". Mais si le dialogue avait repris entre la majorité et les différents syndicats, reçus chacun leur tour, il avait cependant tourné au dialogue de sourds, car de négociations il n’était toujours pas question pour les anti-CPE, sans un préalable : l’abrogation pure et simple du CPE. Ils avaient d’ailleurs menacé de nouvelles actions et lancé une date butoir, soit avant le 17 avril jour du début des vacances parlementaires. Pour les syndicats, le CPE avait beau être vidé de sa substance, tant qu’il n’était pas retiré, la situation restait bloquée.
Les négociateurs avaient cependant poursuivi leurs entretiens, notamment avec le patronat, et les organisations de jeunes. Après une ultime réunion ce lundi à l'Elysée, la décision est finalement tombée en milieu de matinée : le CPE est abandonné. Il sera remplacé par un dispositif pour les "jeunes en difficulté". Dans son allocution , lundi, Dominique de Villepin a proposé aux partenaires sociaux d'engager "une discussion sans a priori".
Un duo au plus bas dans les sondages :
Selon un sondage publié ce lundi par le quotidien Libération, le duo ne s'est jamais porté aussi mal : Jacques Chirac ne recueille plus que 25 % d'opinions positives. Dominique de Villepin, également à 25 % (-12 points en un mois), bat son record d'impopularité.
Les opinions défavorables à Dominique de Villepin augmentent de 12 points, passant de 53 % à 65 %. Les opinions défavorables à Jacques Chirac s'élèvent à 64%, plus 7 points.
RTBF
comptent pour eux !
Après plus de dix semaines de crise sociale et politique, le président français Jacques Chirac a finalement tranché lundi : le CPE à l'origine de la fronde est abandonné. Il sera remplacé par un dispositif pour les "jeunes en difficulté".
"Sur proposition du Premier ministre et après avoir entendu les présidents des groupes parlementaires et les responsables de la majorité, le Président de la République a décidé de remplacer l'article 8 de la loi sur l'égalité des chances par un dispositif en faveur de l'insertion professionnelle des jeunes en difficulté". C'est ce qu'a annoncé l'Elysée dans un communiqué diffusé à l'issue d'une ultime réunion qui s'est tenue en début de matinée au palais présidentiel en présence des principaux dirigeants de la majorité de droite au pouvoir dont notamment MM. Accoyer et de Rohan qui ont joué les démineurs et ont discuté toute la semaine dernière avec les syndicats.
Une réunion à l’Elysée histoire pour Jacques Chirac de ne pas perdre la face. Et une décision finale commentée par le premier ministre Dominique de Villepin pour lui permettre de reprendre la main et éviter ainsi que Nicolas Sarkozy n’apparaisse comme celui qui a permis de dénouer la crise qui secoue la France depuis 12 semaines. Mais malgré cette double contorsion, la décision de remplacer l'article de loi créant le contrat première embauche est un véritable désaveu pour le Premier ministre. Lui qui avait fait du maintien du CPE un combat personnel.
Le regret de ne pas avoir été compris par tous :
Dans son allocution, Dominique de Villepin a avoué d’un ton grave que "les conditions nécessaires de confiance et de sérénité ne sont réunies ni du côté des jeunes, ni du côté des entreprises pour permettre l'application du contrat première embauche". Il a dit regretté ne pas avoir été "compris par tous", affirmant avoir voulu "agir vite" contre la "situation dramatique" du chômage des jeunes. Malgré les spéculations de la presse, il n’a cependant pas évoqué sa propre démission.
Une victoire pour les anti-CPE :
Ce n’est qu’en fin d’après-midi lundi, que l'intersyndicale anti-CPE doit se retrouver. Quoi qu’il en soit l’abandon du CPE, signe la victoire du mouvement de contestation, lui qui avait toujours fait du retrait du CPE le préalable à toute négociation.
C'est un authentique succès de l'action syndicale et de la mobilisation unie des étudiants, des lycéens, des salariés de toutes générations", a commenté la CGT. Bruno Julliard, président de l'Unef, le principal syndicat étudiant, a annoncé qu'il appelait à "maintenir la pression jusqu'au vote par le Parlement" de l'article remplaçant le CPE. Il a ajouté que la journée d'actions, à l'appel des organisations étudiantes et lycéennes et de la coordination nationale étudiante, de mardi était maintenue. Même position pour la Fédération indépendante et démocratique lycéenne. La Confédération étudiante a elle appelé les étudiants à lever les blocages dans les universités pour permettre aux examens de se tenir dans les meilleures conditions.
La gauche sort ravigorée de cette crise alors qu'elle était plutôt divisée avant. La secrétaire nationale du Parti communiste Marie-Georges Buffet a salué "la formidable victoire" de "la jeunesse" et de l'opposition. De son côté, le premier secrétaire du parti socialiste a souligné "une victoire impressionnante de l'unité syndicale", se réjouissant de "l'abrogation" du CPE. Mais il a insisté sur le fait que les socialistes resteront "vigilants" sur la nouvelle proposition de loi.
Une majorité déchirée :
Jacques Chirac aura tenté jusqu’au bout de soutenir Dominique de Villepin dont il avait fait son dauphin pour lui succéder en 2007 à la présidence française. Mais la pression était devenue trop forte, puisqu'elle venait aussi de son propre camp l’UMP et notamment de son rival Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur et président du parti UMP au pouvoir mais aussi et surtout candidat à la présidentielle. Résultat : l’UMP est véritablement déchirée entre le deux tendances : les pro-villepin et les pro-sarkozy. Et le maintien du CPE tant décrié d'apparaître principalement pour l'opinion comme une lutte de pouvoir entre les deux frères ennemis. Le Premier ministre reste en place, mais des voix se font entendre pour reclamer sa démission.
Sortie de crise :
Dans une initiative inédite depuis le début de la Vè République en 1958, Jacques Chirac avait présenté le 31 mars un scénario complexe de sortie de crise : il avait promulgué la loi instituant le CPE, tout en demandant qu'elle ne soit pas appliquée afin d'en modifier les points les plus controversés. La nouvelle mouture devait prévoir une période d'essai d'un an au lieu de deux et le licenciement sans motif tant décrié devait être remplacé par l'obligation d'en notifier les raisons par écrit.
Mais ce scénario avait été unanimement rejeté par les opposants au CPE, appuyés par l'opposition de gauche. Les anti-CPE avaient d’ailleurs réussi quatre jours plus tard une nouvelle démonstration de force en faisant descendre dans la rue entre un et trois millions de manifestants.
Samedi dernier, Bernard Accoyer, patron du groupe UMP à l'Assemblée, Josselin de Rohanet son alter égo au Sénat, avaient été désignés pour tenter une sortie de crise et renouer le dialogue avec les syndicats et le mouvement étudiant. Objectif qui leur avait été assigné par Dominique de Villepin : "renouer le fil du dialogue et préparer la proposition de loi sans préjugés". Mais si le dialogue avait repris entre la majorité et les différents syndicats, reçus chacun leur tour, il avait cependant tourné au dialogue de sourds, car de négociations il n’était toujours pas question pour les anti-CPE, sans un préalable : l’abrogation pure et simple du CPE. Ils avaient d’ailleurs menacé de nouvelles actions et lancé une date butoir, soit avant le 17 avril jour du début des vacances parlementaires. Pour les syndicats, le CPE avait beau être vidé de sa substance, tant qu’il n’était pas retiré, la situation restait bloquée.
Les négociateurs avaient cependant poursuivi leurs entretiens, notamment avec le patronat, et les organisations de jeunes. Après une ultime réunion ce lundi à l'Elysée, la décision est finalement tombée en milieu de matinée : le CPE est abandonné. Il sera remplacé par un dispositif pour les "jeunes en difficulté". Dans son allocution , lundi, Dominique de Villepin a proposé aux partenaires sociaux d'engager "une discussion sans a priori".
Un duo au plus bas dans les sondages :
Selon un sondage publié ce lundi par le quotidien Libération, le duo ne s'est jamais porté aussi mal : Jacques Chirac ne recueille plus que 25 % d'opinions positives. Dominique de Villepin, également à 25 % (-12 points en un mois), bat son record d'impopularité.
Les opinions défavorables à Dominique de Villepin augmentent de 12 points, passant de 53 % à 65 %. Les opinions défavorables à Jacques Chirac s'élèvent à 64%, plus 7 points.
RTBF
comptent pour eux !