Les témoignages des familles et des médecins de Fallujah font froid dans le dos. À Fallujah, on compterait toujours plus d’enfants qui naissent avec de terribles malformations. Chacun soupçonne l’uranium appauvri et le phosphore blanc utilisés par les armées américaines et britanniques, en 2004.
Sur place, la journaliste de Radio France a une formule choc : « Ici, chaque famille ou presque a son bébé monstre », dit-elle. Dans les hôpitaux de Fallujah, située à 75km de Bagdad, les pédiatres sont effarés et totalement impuissants. De plus en plus, les nouveau-nés viennent au monde avec de terribles malformations. Pas d’organes génitaux, des ventres sans organes, pas d’orifices, deux têtes, un seul œil, etc. La liste est longue et morbide.
Les mères ne se soucient plus de savoir si leur bébé est un garçon ou une fille. Elles demandent désormais si l’enfant est « normal ». Selon certains, Fallujah, « c’est pire qu’à Hiroshima ».
Des corps en charbon, des radiations
Les médias internationaux ont commencé à évoquer clairement cette recrudescence de malformations congénitales en septembre 2009. Les bébés vivent parfois juste quelques heures. Aucune autopsie ne suit leur décès.
En 2004, la ville de Fallujah a été littéralement noyée sous les bombes à l’uranium appauvri et au phosphore blanc. Déjà à l’époque, le Washington Post dénonçait l’utilisation de ces armes, interdites par les conventions internationales. Des témoins ont décrit des corps comme fondus dans le sol, transformés en matière charbonneuse. C’est le propre du phosphore blanc, qui dissout les tissus vivants.
Quant à l’uranium appauvri, il est au cœur d’une polémique intense. On sait qu’il a été utilisé lors de la première Guerre du Golfe en 1991, mais aussi au Kosovo et en Irak, de 2003 à 2005. Les obus à l’uranium appauvri sont capables de perforer des blindages. Une fois explosés, ils se dispersent et irradient l’espace concerné. Selon les détracteurs de ces armes de destruction massive, il est impossible de se débarrasser de ce rayonnement nocif.
À Fallujah, en plus des malformations constatées chez les nouveau-nés, les taux de cancer (leucémie, cancer du sein et du système lymphatique) ont augmenté aussi fortement depuis 2004.
Aux États-Unis, les autorités militaires se cachent derrière les scientifiques : « Il n’y a aucune preuve de l’effet de l’uranium appauvri sur la santé ».