Des souris et pas d'hommes

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Les mâles souris ont du souci à se faire. Des scientifiques asiatiques travaillant sur la parthénogenèse -une reproduction sans fécondation, donc sans mâle, chez une espèce sexuée- ont réussi à mettre au monde une souris conçue par deux mères génétiques, mais sans père. Une première chez un mammifère.
L'expérience est détaillée dans l'édition de jeudi du magazine «Nature» par Tomohiro Kono, de l'université agricole de Tokyo, et par des scientifiques japonais et sud-coréens.
Tous préviennent que la méthode utilisée, très différente du clonage, ne peut être appliquée à un être humain, pour des raisons à la fois techniques et éthiques. Une des génitrices de l'expérience est en effet une souris dont l'ADN a été modifié de manière à la faire agir comme un mâle lors de la conception d'un embryon.
Ils affirment avoir obtenu deux souris, dont l'une a grandi et a donné la vie. Cette souris, baptisée Kaguya, semble en bonne santé. Certains lézards et d'autres animaux peuvent se reproduire par parthénogénèse, mais pas les mammifères.
Selon Tomohiro Kono, cette nouvelle technique pourrait être utilisée à des fins agricoles et scientifiques. Des experts y voient, eux, d'éventuelles implications dans le traitement de maladies par le biais de cellules isolées.
Interrogé sur l'éventualité d'appliquer cette méthode à l'être humain, Tomohiro Kono a jugé la question «absurde».
Dans un embryon de mammifère, certains gènes, très peu nombreux, s'expriment différemment selon qu'ils sont transmis par le père ou par la mère. «C'est l'empreinte parentale», a expliqué jeudi à l'Associated Press, le Pr Axel Kahn, directeur de l'Institut Cochin à Paris. Or la part génétique paternelle de cette empreinye est indispensable au développement normal de cet embryon de mammifère.
Parmi ces gènes, certains ne s'activent que s'ils viennent de la mère et restent silencieux quand ils viennent du père, et inversement.
Pour mener à bien leur travail, les chercheurs ont donc modifié le patrimoine génétique d'une souris femelle en inversant son «empreinte parentale», permettant à un des ses gènes généralement silencieux de s'exprimer. C'est cette transgénèse qui a permis à la souris femelle de se comporter en souris mâle. Pour preuve: le mélange de l'ADN de cette souris mutante avec les chromosomes de souris femelles normales a permis d'obtenir 457 embryons, dont deux ont donné des souris vivantes.
Cette expérience «explique bien pourquoi la parthénogenèse, qui existe chez les insectes, est impossible chez les mammifères», a commenté Axel Kahn.
Marisa Bartolomei, spécialiste de l'empreinte génétique de l'école de médecine de l'Université de Pennsylvanie, s'est dite «stupéfaite» que la simple manipulation de deux gènes ait suffi à la naissance de souris.
A la lumière de ce travail, Gerald Schatten, chercheur sur les cellules souches à l'école de médecine de Pittsburgh, a estimé qu'il était essentiel pour les scientifiques d'approfondir leur compréhension de l'empreinte parentale dans les cellules souches embryonnaires humaines provenant d'embryons au stade précoce. Autrement, selon lui, ces cellules pourraient se comporter de façon anormale lorsqu'elles sont utilisées dans le traitement de la maladie de Parkinson ou du diabète, notamment.
Pour le chercheur Kent Vrana, de l'Université de Pennsylvanie, si une souris en bonne santé et fertile peut être conçue sans l'ADN d'un père, on peut espérer qu'il en soit de même pour les cellules souches.

source :http://permanent.nouvelobs.com/
 
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