Fan de "chiptunes" c'est ici ;)

Un chiptune est une musique électronique réalisée à partir de n'importe quel ordinateur familial ou console de jeu des années 1980 - 1990. Chaque appareil de cette époque a sa propre puce électronique pour restituer des sons ou de la musique, ils sont appellés des synthétiseurs. Ces synthétiseurs simples ont été poussés aux limites technologiques par des compositeurs pour créer des mélodies. Le peu de possibilités musicales était et est toujours une des plus grande motivation pour ces compositeurs un peu particuliers.


Quel est l'interêt de revenir à un genre techniquement limité? Remontons à la racine du phénomène. Il faut apparenter ce style de musique avec les jeux auxquels ils sont associés. Le concept dit de “Retrogaming” est avant tout générationnel. Certains analystes expliquent ce retour aux sources en disant que les jeux vidéos disposent maintenant d'une histoire suffisamment riche que pour que les joueurs puissent se replonger dans les classiques qui les ont marqués enfants et adolescents.


Les brocantes et les sites d'enchères sont le meilleur moyen de retrouver les sensations de ces jeux d'antan. Certains jeux ne faisant plus l'objet d'une utilisation commerciale sont même en téléchargement libre sur Internet. Quelques sites comme http://www.abandonware-france.org/ propose plus de 500 jeux qui attendent d'être redécouverts.


Mais le plus particulier et le plus étonnant dans le “Retrogaming”, c'est qu'il a dépassé la seule industrie du jeu pour toucher des secteurs où on ne l'attendait pas forcément. Entre autres, le design. Le style appelé “Pixel-art” s'inspire largement des graphismes des premiers jeux. Au-delà de son aspect très plaisant, naïf et coloré, le pixel-art impose une certaine rigueur, puisqu'il faut travailler point par point, comme sur les jeux vidéo des années 80. A l'heure où les outils se font de plus en plus perfectionnés, le “Pixel-art” s'apparente en effet à un retour à un travail manuel, où l'attention pour le détail est primordial, comme sur une mosaïque.


D'autre part, et c'est ce qui nous interpelle ici, la musique elle aussi surfe sur cette vague du “Retrogaming” via un courant dénommé “Chip Music”. Dans un premier temps, les musiques étaient composées pour être intégrées aux jeux, le peu d'espace mémoire des ces machines ne laissait jamais beaucoup de place pour la musique. Avec la sortie du commodore 64, nous sommes passés du simple Bip-Bip aux mélodies envoûtantent tout droit issues du synthétiseur déjà plus puissant du nouvel arrivé.


Un des pionniers de ce genre de musique est sans contestes Rob Hubbard et son célèbre "Monty on the run", cet ancien programmeur de jeu éducatif est devenu la référence en musique assistée par ordinateur, et cela, seulement en quelque mois. Après plusieurs années et plus de 75 musiques de jeux, Rob Hubbard est devenu une légende du son 8bits. La plupart des autres compositeurs étaient dans le parfait anonymat et le sont restés jusqu'à il y a peu.


Depuis seulement quelques années le son chiptune est devenu un type, un genre, une mode. Des musiciens electro s'emparent des machines “historiques” telles l'amiga ou le gameboy, pour en détourner l'usage. Par la magie du bidouillage, la célèbre console portable de Nintendo peut ainsi devenir une ministation de production musicale.


D'autres disciplines dérivées comme le “DemoMaking” a pour objectif de créer des minis démonstration, graphiques et musicales. Chaque groupe de démomakers est en éternelle compétition, leurs jeux est de créer des effets visuels synchronisés par la musique toujours plus hallucinante les unes que les autres. Chaque production de groupe doit innover et proposer à chaque fois son lot de nouveauté en thermes de technicité de programmation afin de rendre un résultat toujours plus poussé avec le moins de mémoire possible.. Sur seulement 1 disquette ou une face de disquette, on peut stocker un film vidéo de plus d'une demi-heure. Ses artistes sont toujours restés dans l'ombre et forment leur propre communauté, ils se réunissent souvent lors de Demo-Party pour présenter leurs dernières oeuvres et ainsi participer à des concours de celui qui à composé la plus belle musique, créer le plus beau graphisme, la plus belle intro, ou la dernière production.


Le moins que l’on puisse dire c’est que le concept est original et amusant : faire de la musique à partir de sa GameBoy. Il est difficile d'estimer le nombre d'artistes s'adonnant à ce courant musical tant il est accessible à tous par le coût réduit du matériel requis, cependant tout le monde n'est pas susceptible de supporter les rythmes très courts que proposent la Chiptunes. Tous passionnés, les compositeurs font souvent des représentations dans de petites salles et ne demandent qu'un logement et de quoi payer leur train ou avion pour le déplacement. Le stéréotype est de penser qu'il n'est question dans cette musique que de 'BIP-BIP' et 'TUITUI', et pourtant l'éclectisme des compositeurs a donné à ce style une diversité impressionnante de dérivés allant du rock au hip-hop.


La Chiptunes n'est pas acceptée partout, dans certains endroits, elle est même bannie de l'affiche. Ses beats primaires et courts ne font pas l'unanimité, et l'émergence d'un nouveau style underground a toujours du mal à passer.


Il faut l'avouer, de premier abord, cette musique est plus que spéciale. Il faut déjà apprécier la musique électronique pour pouvoir en comprendre les subtilités. Ce qui dérange en général, c'est surtout ce retour en arrière dans les samples, les influences... Et tout ça pour quoi? Une musique très brut, minimaliste, fabriquée avec des formes d'ondes sonores codées sur très peu d'octets, le tout donnant un résultat très “cheap” (d'où l'appelation Cheap-Tunes par les réfractaires).


L'émergence d'un style où la mode instaurée veut qu'on s'habille avec des couleurs flashy, et cette culture graphique où il est presque question de mauvais goût, mais avec un certain style (Ce courant se développant de manière fulgurante grâce à Internet, il est normal pour tout artiste d'avoir un site présentant ses oeuvres, ces sites sont en général d'un goût assez spécial, mais exercé volontairement cfr: http://ayriders.zxdemo.org/ ). Il n'est donc pas si surprenant de voir que le monde de l'électro tenu principalement par les adeptes de la Techno/House et amateurs de tout ce qui touche la technologie de pointe, ne semble pas être prêt à laisser une place à ces musiciens minimalistes.


D'autre part, la chiptunes connaît un succès grandissant et ce de manière simultanée un peu partout sur le globe. L'éclectisme qu'offre ce nouveau style musical n'est pas des moindres, de jolies petites comptines du futur, à l’identité marquée par les mangas, parfois bruitistes, un peu cheap mais surtout groovy. Du metal hargneux au rappeur en baggy sous des sons “low-tech”, le 8-bits est ouvert à tout.


La Chiptunes jouit d'un double fond, à la fois ouverte (car la plupart des artistes proposent leurs compositions en téléchargement libre sur Internet) et fermée (de part le public susceptible d'apprécier ce genre de mélodies). Le principal mode de propagation de cette musique (et très efficace s'il en est) est Internet. Chaque artiste adopte un squelette similaire pour son site personnel (news-music-links-...), non par banalité, mais parce qu'il est commun de procéder de la sorte quand on crée de la musique pour son propre plaisir et le plaisir de la partager avec d'autres personnes.


En général, ces morceaux sont au format mp3, téléchargeables sans aucune demandes ni restrictions. Cependant ils sont très rarement sous la licence Creative Commons (qui est de loin la license la plus adapté dans ce contexte). La plupart du temps ils ne possèdent aucunes licences explicites, il en découle qu'ils tombent directement sous les droits d'auteurs classiques se traduisant par un copyright. On peut se poser des questions quand aux aspects légaux encourus par une telle distribution. On imagine que les artistes ne savent pas eux mêmes ce qu'est vraiment la Creative Commons, et ils ont sans doute peu d'interêts pour ce qui touche les droits d'auteurs.


Mais qu'en serait-il si les artistes 8-bits étaient invités à placer leurs compositions sous cette dite licence de la Creative Commons? La communauté Chiptunes serait une grande addition à l'organisation de la Creative Commons. Mais qu'est-ce que la Creative Commons exactement? Le Wikipedia nous donne les informations suivantes: “Le Creative Commons est une organisation dévouée à l'expansion des ½uvres qui sont libres à la réutilisation et/ou la distribution. C'est dans ce but qu'elle a créé la licence Creative Commons. Cette licence autorise certains usages librement définis par les auteurs, parmi onze possibilités combinées autour de quatre pôles;
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Attribution (signature de l’auteur initial)

Commercial (possibilité de tirer profit commercial de l’½uvre)

No derivative works (possibilité d’intégrer tout ou partie dans un ½uvre composite)

Share alike (obligation de rediffuser selon la même licence)


Le mouvement Creative Commons propose des contrats-types d’offre de mise à disposition d’½uvres en ligne. Inspirées par les licences de logiciels libres et le mouvement open source, ces textes facilitent l’utilisation et la réutilisation d’½uvres. Au lieu de soumettre toute exploitation des ½uvres à l’autorisation préalable des titulaires de droits, les licences Creative Commons permettent à l’auteur d’autoriser à l’avance certaines utilisations selon des conditions exprimées par lui, et d’en informer le public.


L’objectif recherché est d’encourager de manière simple et licite la circulation des ½uvres, l’échange et la créativité. Creative Commons s’adresse aux auteurs qui préfèrent partager, faire évoluer leur ½uvre, accroître la diffusion de leur travail et enrichir le patrimoine commun (les Commons) de la culture et de l'information accessible librement, et c'est à peu de choses près ce que veulent les compositeurs de musique Chiptunes.


Mais qu'en est-il au fait? Qu'est-ce qui ferait que le passage sous Creative Commons serait un frein ou une poussée à l'expansion du partage et de l'enrichissement du collectif 8-bit? Une des grosses limites de la Creative Commons est qu'elle diffère sur certains points selon le pays où l'on réside. Et il est bien connu que définir le pays où la juridiction appliquée en cas de litige sur Internet n'est pas chose facile.


De plus, appeler les artistes à se placer sous une licence pourrait scinder une communauté qui semble fort unie et axée sur l'entraide et le partage. On assisterait peut-être à la naissance d'un conflit entre ceux passés sous le contrat de la Creative Commons et ceux qui voudraient se tenir éloignés de ces formalités. Ce ne sont que des suppositions, mais cette communauté toute unie va dans la même direction, et différencier certains membres d'autres par des mesures juridiques paraîtrait quelque peu inapproprié


Ajouté à cela vient se greffer le fait qu'il serait probablement impossible de demander à tous les artistes de fournir toutes les sources de toutes leurs compositions tant certains de ces fichiers seraient sans doutes égarés (la chiptunes existe depuis le début des années 80, rappelons le). Et beaucoup de fichiers ne seraient pas déclarés sous la licence Creative Commons. Mais ce détail serait résolvable par une simple scission des fichiers, une série sous licence CC, et une autre sans licence explicite.


D'autre part, avoir un appui légal serait une bonne chose; de manière générale, et surtout dans le fait présent de la musique téléchargeable sur Internet -qui est non seulement un cas d'actualité, mais aussi un acte sujets à de nombreux litiges- avoir une base légale permettrait d'éviter les confusions à plusieurs niveaux, et notamment pour la réutilisation de morceaux. En effet la chiptunes est composée à partir de samples et des boucles sonores simples. Une fois les sources en sa possession, il n'est pas inaccessible de remodeler le morceau à sa guise en y ajoutant des sons d'un autre morceau, en y tronquant certains autres, et ainsi faire une nouvelle composition hybride (en faisant bien sûr référence aux fichiers sources).


Un tel procédé aurait deux répercussions positives, dans un premier temps, il faut considérer que la Chiptunes serait plus accessible, et que plus de personnes pourraient s'y adonner et faire leurs premieres pas dans la musique 8-bits, pour après composer des morceaux avec leurs propres samples, sans faire utilisation de fichiers sources. Dans un second temps, et c'est une conséquence directe du premier, la distribution de la Chiptunes se verrait exploser. Plus d'artistes signifie plus de morceaux, et donc plus d'audience, et plus d'adeptes...


Au final, le contre semble être négligeable tant les raisons du pour les contrebalancent avec force. Avec une telle démarche, nul doute que la commaunté d'artistes Chiptunes s'agrandirait plus rapidement (avec moi en premier ). De plus il serait ironique de voir qu'à l'heure où les pirates s'en donnent illégalement à coeur joie sur de la musique propriétaire, d'autres artistes, plus discrets, distribueraient leurs créations d'une grande qualité, et ce dans le plus grand respect des lois en vigueur.


Alors oui, la Chiptunes restera encore sous-terre, méconnue du grand public. Elle est sans nul doute pas ou peu destinée à ce genre de public, et elle ne le sera probablement jamais pour autant que cette identité générationnelle qui colle à la Chiptunes reste un des facteurs d'ouverture vers ce courant qui cautionne pour la plupart le mouvement punk des années 70 qui se voulait fer de lance du détournement des produits phares de la société de consommation.

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