IAM : l’ombre avant la lumière
Le groupe peaufine son nouvel opus
17/01/2007 - Marseille -
Après Revoir un printemps, le dernier album d’IAM paru en 2003, les Marseillais ont traversé un long hiver sans passer par la case été. Leur rayon de soleil, les membres du vaisseau impérial l’ont cherché au fil de leurs projets persos. A nouveau réunis, Chill, Jo, Pascal, Eric, Malek et François préparent actuellement le nouvel IAM, attendu en avril prochain.
"Le pari, cette fois-ci, est de faire un album en un mois et demi", lâche Akhenaton, en ce milieu de matinée ensoleillée. Akhenaton et Shurik’n sont à leurs postes de travail dans la "casa" de la Cosca (la maison d'édition fondée par Akhenaton).
Le premier est arc-bouté sur les machines de son studio, tandis que devant la table basse d’une pièce voisine, Shurik’n tourne et retourne son texte en d'incessants murmures saccadés sur le beat, avant de les coucher sur le papier. Pascal, aka Imhotep le Grand Architecte, fignole lui les tracks de ses Chroniques de Mars 2 au Petit Mas, le studio fétiche où tout a démarré. Quant à Malek, Khéops et François, en bons adeptes de l’après-midi, ils n’arriveront que plus tard.
Etre concis
"Ici, il y a cinq postes de travail, ce qui nous permet de bosser séparément et ensemble", détaille le maître des lieux. "Auparavant, pour chacun de nos albums, nous avions toujours eu au moins un an pour tomber entre 90 et 100 titres. Là, on veut tout boucler en un mois et demi, pour enregistrer dans la foulée afin que l’album soit dans les bacs en avril. On doit apprendre à être concis. Etre capable de sortir au final une grosse douzaine de titres dont un tiers au moins se détachera du lot. Du lot de l’album mais aussi du lot du niveau général." Ambitieux, son propos sonne comme un gage de qualité dans un monde où trop de gros calibres de la tchatche semblent avoir trop souvent baissé la garde.
La majorité des compos a été confiée à Imhotep et Akos, un jeune producteur remarqué sur la B.O.F. de Taxi 2 ou sur les opus d’Akhenaton, Psy4 de la Rime… D’autres faiseurs de beats viendront peut-être renforcer la team de compositeurs. Mais, pour l’instant, les premières structures disponibles suffisent amplement à Jo, qui continue de placer ses mots sur le beat. "Pour Revoir un Printemps, on a quasi eu deux ans. C’est trop. Forcément, tu perds le caractère instinctif et viscéral de ta musique", analyse-t-il. "A force de pousser l’écriture, elle est peut-être devenue élitiste. On a souhaité revenir au rap qui nous plait depuis nos débuts, à savoir une bonne boucle, un rythme qui défouraille et un flow qui va bien dessus."
Travailler en famille
Attendus au virage, les Marseillais vont devoir faire leurs preuves. Hip-hop en questionnement, marché du disque en mutation, situation politique à la veille des présidentielles. IAM n’aura pas le temps de chômer. Quoique, en confiant le travail autour de ce nouvel opus à Polydor, label de la major Universal, le groupe a choisi de se simplifier la vie. "Au départ, j’étais plutôt pour une sortie en indé", confie le bavard qui ne se contente pas de parler. "Plus de la moitié du groupe n’en avait pas envie. Aujourd’hui, je pense qu’ils avaient raison. IAM a besoin de ce confort de travail. Ces dernières années, j’ai rencontré beaucoup d’artistes, des rappers, mais aussi des chanteurs de l’ancienne génération. Tous sont des grands enfants qui ont besoin de retrouver une famille pour bien travailler. Avec EMI, on ne s’entendait plus. Beaucoup trop de bras de fer, beaucoup trop de "arrête de rêver" pour continuer harmonieusement, pour communiquer. On s’est lâché des deux mains, il y a un an. Dès les premières rumeurs de séparation, on a été sollicité par plusieurs labels." C’est Polydor qui a été le plus convaincant. Reste aux Marseillais à l’être à leur tour.
Pour cela, nos rappers ne peuvent plus compter sur l’effet de surprise pour rafler la mise. "L’album sera, par les thèmes qu’il aborde, très éclectique et plus personnel aussi. On passe du “tu” au “je” ou au “il”. Les morceaux seront courts. Il y en a un qui relate l’histoire d’un petit Nicolas, qui est arrivé de Hongrie sans papier. Malheureusement, il a dû repartir. C’est dommage, il aurait pu devenir Président de la République, qui sait ?", sourit Akhenaton avant de préciser : "J’essaie de ne pas juger la personne, juste de l’aider à comprendre que reconnaître ses erreurs, revenir dessus, c’est devenir un homme, et pas l’inverse. Mais je ne m’attarderai pas sur le personnage car à chaque fois que j’ai parlé de lui, j’ai eu droit dans la foulée à un contrôle fiscal."
