Fleur de Lotus
Nạk citwithyā
Le sort des femmes enlevées et "épousées" par des chefs de guerre
Le point d’exclamation que les rebelles ont tatoué au fer rouge sur le front de Mamoussa Bangura perpétue le douloureux souvenir de ce qu’elle a enduré pendant la sanglante guerre civile en Sierra Leone: comme des milliers d’autres, elle a été enlevée, enfant, utilisée pendant des années comme esclave sexuelle par un chef de guerre.
Pour la première fois dans l’histoire, cette pratique des "mariages forcés" est jugée comme crime contre l’humanité par le tribunal spécial de l’ONU pour la Sierra Leone, où s’est également ouvert lundi le procès des principaux chefs encore en vie du RUF, principal mouvement rebelle.
En 1993, Mamoussa n’avait que huit ans, quand les rebelles ont attaqué son village de l’est de la Sierra Leone et massacré sa famille à coups de machette. Elle seule a été épargnée, ainsi que sa petite soeur, qui n’était encore qu’un bébé.
Aboy, le chef rebelle qui l’a enlevée, l’a violée pendant des années. Le frère d’Aboy lui a imprimé ce tatouage sur le front à l’aide d’un fer rouge, avant de le colorer à la suie. "C’est une marque de propriété", explique Mamoussa, installée aujourd’hui à Koidu (est). "D’autres femmes ont été brûlées sur la poitrine." Mamoussa a eu un fils de son ravisseur. Tous les deux sont morts aujourd’hui, et la jeune fille, qui a aujourd’hui 19 ans, n’a pu retrouver la liberté que lorsque la terrible guerre civile qui a ravagé le pays pendant dix ans s’est calmée.
Elle vit actuellement dans le Centre progressiste pour les femmes de Koidu, association locale d’aide qui reçoit peu de financements et ne recueille qu’une infime partie de ces victimes, connues en Sierra Leone sous le nom de "femmes de brousse".
A Freetown, le tribunal de l’ONU se penche sur ce dossier des "mariages forcés", terme employé par le parquet pour désigner ces pratiques incluant enlèvements, viols et esclavage sexuel.
Selon les estimations, des milliers de femmes, sur les six millions d’habitants du pays, ont été enlevées et utilisées comme esclaves sexuelles, tout en devant cuisiner, faire le ménage et faire des enfants. Pour certaines, une cérémonie de mariage parfois célébrée par un commandant militaire a "officialisé" leur condition.
Sur les 13 accusés des différentes factions, présentés comme portant "les plus grandes responsabilités" dans ces pratiques, quatre courent toujours, dont l’ancien président Charles Taylor en exil au Liberia, et deux autres sont morts.
Selon les analystes, leur condamnation constituerait un précédent important en droit international, en reconnaissant comme un crime les violences, y compris sexuelles, commises à l’encontre des femmes dans les zones de conflit.
Aux yeux des Sierra-Léonais, dénoncer ces pratiques comme crime contre l’humanité et non simplement comme une terrible honte aiderait également les victimes à retrouver leur fierté. "A cause de la stigmatisation dont elles sont victimes, il leur est difficile de dire: ’j’ai été violée, j’ai été forcée à me marier’", explique Isaac Lappia, directeur de la section locale d’Amnesty International, qui souligne que du coup, certaines de ces femmes n’ont toujours pas quitté leur tortionnaire...
Au Centre progressiste de Koidu, où vivent 200 femmes qui apprennent la coiffure et la couture, Mamoussa n’espère qu’une chose: pouvoir un jour payer des études à sa petite soeur, aujourd’hui âgée de 13 ans. D’autres, comme Anita Kpakiwa, enlevée au jour du massacre de sa famille par un homme qu’elle n’aura connu que sous le nom de "Petit moustique", y rêvent encore d’un vrai mariage. "Ce jour-là, ce sera joyeux", explique-t-elle. "Ce ne doit pas être quelque chose qu’on vous force à faire, mais quelque chose que vous faites pour vous-même."
source ICI
Le point d’exclamation que les rebelles ont tatoué au fer rouge sur le front de Mamoussa Bangura perpétue le douloureux souvenir de ce qu’elle a enduré pendant la sanglante guerre civile en Sierra Leone: comme des milliers d’autres, elle a été enlevée, enfant, utilisée pendant des années comme esclave sexuelle par un chef de guerre.
Pour la première fois dans l’histoire, cette pratique des "mariages forcés" est jugée comme crime contre l’humanité par le tribunal spécial de l’ONU pour la Sierra Leone, où s’est également ouvert lundi le procès des principaux chefs encore en vie du RUF, principal mouvement rebelle.
En 1993, Mamoussa n’avait que huit ans, quand les rebelles ont attaqué son village de l’est de la Sierra Leone et massacré sa famille à coups de machette. Elle seule a été épargnée, ainsi que sa petite soeur, qui n’était encore qu’un bébé.
Aboy, le chef rebelle qui l’a enlevée, l’a violée pendant des années. Le frère d’Aboy lui a imprimé ce tatouage sur le front à l’aide d’un fer rouge, avant de le colorer à la suie. "C’est une marque de propriété", explique Mamoussa, installée aujourd’hui à Koidu (est). "D’autres femmes ont été brûlées sur la poitrine." Mamoussa a eu un fils de son ravisseur. Tous les deux sont morts aujourd’hui, et la jeune fille, qui a aujourd’hui 19 ans, n’a pu retrouver la liberté que lorsque la terrible guerre civile qui a ravagé le pays pendant dix ans s’est calmée.
Elle vit actuellement dans le Centre progressiste pour les femmes de Koidu, association locale d’aide qui reçoit peu de financements et ne recueille qu’une infime partie de ces victimes, connues en Sierra Leone sous le nom de "femmes de brousse".
A Freetown, le tribunal de l’ONU se penche sur ce dossier des "mariages forcés", terme employé par le parquet pour désigner ces pratiques incluant enlèvements, viols et esclavage sexuel.
Selon les estimations, des milliers de femmes, sur les six millions d’habitants du pays, ont été enlevées et utilisées comme esclaves sexuelles, tout en devant cuisiner, faire le ménage et faire des enfants. Pour certaines, une cérémonie de mariage parfois célébrée par un commandant militaire a "officialisé" leur condition.
Sur les 13 accusés des différentes factions, présentés comme portant "les plus grandes responsabilités" dans ces pratiques, quatre courent toujours, dont l’ancien président Charles Taylor en exil au Liberia, et deux autres sont morts.
Selon les analystes, leur condamnation constituerait un précédent important en droit international, en reconnaissant comme un crime les violences, y compris sexuelles, commises à l’encontre des femmes dans les zones de conflit.
Aux yeux des Sierra-Léonais, dénoncer ces pratiques comme crime contre l’humanité et non simplement comme une terrible honte aiderait également les victimes à retrouver leur fierté. "A cause de la stigmatisation dont elles sont victimes, il leur est difficile de dire: ’j’ai été violée, j’ai été forcée à me marier’", explique Isaac Lappia, directeur de la section locale d’Amnesty International, qui souligne que du coup, certaines de ces femmes n’ont toujours pas quitté leur tortionnaire...
Au Centre progressiste de Koidu, où vivent 200 femmes qui apprennent la coiffure et la couture, Mamoussa n’espère qu’une chose: pouvoir un jour payer des études à sa petite soeur, aujourd’hui âgée de 13 ans. D’autres, comme Anita Kpakiwa, enlevée au jour du massacre de sa famille par un homme qu’elle n’aura connu que sous le nom de "Petit moustique", y rêvent encore d’un vrai mariage. "Ce jour-là, ce sera joyeux", explique-t-elle. "Ce ne doit pas être quelque chose qu’on vous force à faire, mais quelque chose que vous faites pour vous-même."
source ICI