L'expressRap: les membres de Sniper en examen pour injures anti-policiers en concert
Les membres du groupe de Rap Sniper
© AFP/Archives Jean-Christophe Verhaegen
PARIS (AFP - 13:05) - Les quatre membres du groupe de rap Sniper ont été mis en examen à Rouen pour des paroles injurieuses à l'égard des policiers et menaçantes pour les ministres dans un texte chanté lors d'un concert dans cette ville, a-t-on appris vendredi auprès de leur avocat.
La mise en examen a été prononcée en début de semaine par une juge d'instruction rouennaise pour injure à la police nationale et provocation à des atteintes à la vie ou à l'intégrité physique de ministres, a précisé Me Dominique Tricaud dans un entretien téléphonique avec l'AFP.
El Tunisiano, Aketo, Black Renega et DJ Boudj sont convoqués lundi à Rouen dans le bureau de la juge d'instruction en charge du dossier, a encore dit Me Tricaud, qui a exprimé "sa grave préoccupation face à la nouvelle atteinte à sa liberté d'expression dont (...) est victime" Sniper.
Selon l'avocat, la mise en examen vise notamment deux passages de la chanson "La France", chantée le 28 avril 2004 au Zenith de Rouen: "On n'est pas dupe, en plus on est tous chauds. Pour mission exterminer les ministres et les fachos" et "Frère je lance un appel, on est là pour tout niquer, leur laisser des traces et des séquelles avant de crever".
Cette chanson évoque aussi "des rondes de flics toujours là pour nous pourrir la vie", des "bavures classées en simple faits divers" et un "contrôle qui part en couilles".
La procédure fait suite à un signalement fait le 3 juin par le préfet de Haute-Normandie au ministère de l'Intérieur, lequel avait demandé au haut fonctionnaire de porter plainte, ce qui fut fait auprès du procureur le 27 juillet. Une information judiciaire avait alors été ouverte.
En novembre 2003, le ministre de l'Intérieur de l'époque, Nicolas Sarkozy, avait menacé de déposer "plainte contre des textes qui sont racistes et antisémites", s'en prenant notamment à Sniper. Le groupe, originaire du Val-d'Oise, avait menacé le ministre d'une procédure contre ces déclarations jugées "populistes et diffamatoires".
Les groupes de rap s'attirent régulièrement l'ire des syndicats de police qui demandent régulièrement au ministère d'engager des poursuites.
Ce fut le cas de Ministère Amer il y a quelques années, avec sa chanson "Sacrifice de poulets", ou en 1996 de NTM qui avait fait scandale en demandant au public de lever le majeur et de crier "Nique la police". En 1997, les syndicats s'étaient indignés quand le groupe 2 Bal 2 Neg avait fait scander "Police-assassins".
Toutefois, le 12 novembre, la procureure a implicitement requis la relaxe d'Hamé, 29 ans, membre d'un autre groupe de rap à succès, "La Rumeur", dans un procès en correctionnelle consécutif à une plainte du ministère de l'Intérieur.
Après Ministère Amer, après NTM, après la rumeur, c'est au tour de sniper de faire les frais de manoeuvre politicienne du présidentiable francais sarkozy...