Voilà le mail d'un ami qui est à Xi'an, j'ai trouvé la lettre tellement bien écrite et suffisement drôle pour vous la faire partager
Ni hao tout le monde,
Me voilà donc à Xi'an, ancienne capitale impériale chinoise. Je loge au Hyatt Regency qui, il faut bien l'avouer, est au-dessus des standards chinois habituels...
J'y suis dans le cadre du boulot, of course, mais je n'aurais pas beaucoup d'occasions comme celle-ci pour me promener en Chine. Je profite donc de toute pause ou assoupissement de mes collègues pour m'enfuir de mes 5 étoiles et me perdre dans Xi'an (l'hotel-conférence est situé en plein centre).
Je ne vous fatiguerai pas avec des descriptions touristiques kitch, car en effet le fameux kitch chinois est partout, je vais plutôt vous donner quelques impressions de terrain, à chaud. Certaines abonderont dans le sens, plutôt critique, mais la plupart me feront dire combien il est enthousiasmant de rencontrer des gens différents, encore loins du modèle américano-européen qu'on essaye de nous imposer globalement...
Je suis un alien
Hier (lundi), j'ai parcouru la ville à pied. Après 1 heure de marche dans une foule épaisse, je me suis fait la réflexion que je n'avais pas croisé un seul "occidental" depuis mon départ de l'hotel. Et en effet, en regardant autour de moi, que des chinois, pas un seul "white", pas un seul "black". Xi'an a ça de très intéressant qu'elle est une ville chinoise bien terrienne, authentiquement chinoise, pas une porte maritime vers l'occident comme Shanghai (où je serai la semaine prochaine) ou Hong-Kong. Se promener ici avec tous ces regards curieux pour votre personne, le même regard que nos enfants portent à l'étranger ou à l'être différent, est plutôt rassurant. Vous êtes à 8000 kilomètres de chez vous et on vous le rappelle, avec de nombreux "hellooooo!" amusés, toujours gentils, jamais agressifs. Etre un blanc de plus d'un mètre 85 renforce également cette différence, les chinois sont petits, nombreux mais petits. En parcourant le règlement intérieur de l'hotel, écrit d'un délicieux chinglish (voir section Chinglish plus loin), j'ai remarqué que l'étranger que j'étais est traduit par "alien", c'est ce que je suis, E.T. à Xi'an...
Idées au gramme
Quand on est quelque part, on a évidemment tendance à se repérer en fonction des indications écrites, noms de rue, bouches de métro, façades des magasins, ... Ici, il faut oublier ces réflexes, le chinois écrit est basé sur des idéogrammes, chacun signifiant un concept simple, qui, combinés, donnent la signification d'un mot ou d'une phrase. Et vu qu'il y en a beaucoup de ces idéogrammes en chinois, au total 50.000, dont 5 ou 6 mille forment la base de la langue, vous imaginez qu'il y a de quoi être noyé de chinois-grammes au milieu d'une rue à la recherche d'une indication qui vous éclairera sur l'endroit où vous êtes ou sur la marchandise que vous observez. Ajoutons qu'à l'école primaire, les petits chinois ingurgitent environ 2000 idéogrammes, ce qui est la base pour comprendre les écrits habituels. Moi, je n'en ai retenu qu'un pour l'instant, le symbole du yuan ou renminbi (la monnaie du peuple), bien utile pour déchiffrer certains prix et éviter qu'on ne vous impose une "taxe étranger"...
Modernarchaïsme
En 5 minutes de marche, j'ai croisé : un vendeur de grenades (le fruit, pas l'arme) en tricycle rouillé, un jeune chinois coupe-manga avec le dernier GSM à la mode, un macdo idéogrammisé, des petits livres rouges de Mao traduits dans toutes les langues, une douzaine de grues (les machines, pas les putes), 2 couples se disputant dans la rue (les femmes avaient plutôt le dessus), des tortues à rôtir, une petite fille (maximum 4 ans, "surveillée" par son grand frère) qui faisait des acrobaties très dangereuses pour son âge (elle était toujours là quand je suis repassé le soir, 3 heures après...), 1 temple boudhiste, 1 mosquée, 1 brouillard épais et malodorant, 231 crachats de rue, et une rue commerçante sonorisée par la chanson "Hélène, je m'appelle Hélène" en français dans le texte...
Vous reprendrez bien un bec de canard ?
Je m'en doutais, je n'avais qu'une vision limitée de la cuisine chinoise. Sur un territoire aussi grand que la Chine, on mange de tout, préparé de toutes les façons et mangé de toutes les manières. Il y a les grands classiques, nouilles, riz, viandes et légumes frits ou travers de porc caramélisés. Puis les influences diverses, musulmanes, tibétaines, même occidentales. Du ragout très épicés à la salade de crevettes sautées, il y a de tout. Plus exotiques, les serpents ou les tortues sont vendus et tués vivants sur les marchés, par pour le terrarium, pour l'assiette. Manger du chien n'est pas rare, cela reste un mets très courant, je n'ai pas essayé mais je m'enverrais bien un cocker laqué. Enfin, l'anatomie animale n'a aucun secret pour les sino-cuistots, des pattes de poule croustillantes aux becs de canard caramélisés, en passant par les rotules d'agneaux bien charnues, tout est mangeable et tout se mange. Qu'on ne s'y trompe pas, le chinois mange beaucoup, mais très bien et sainement, je n'ai pas croisé une seule grosse personne et les anciens semblent très alertes. Le moment du repas est sacré, est prétexte à tous les discours et aux "Ganbei!" répétitifs (dès que quelqu'un lève son verre, il s'écrie Ganbei! et tout le monde vide son alcool...).
Note (rédigée après le lunch) : je pense que j'ai découvert le secret de minceur des chinois : les baguettes. Weight-Watchers devrait proposer un régime baguettes à ses mamies enrobées. Pour vous en convaincre, essayez de manger un plat de spaghetti avec des morceaux de bois, on en reparlera...
Rrrrrr-prrll-fletttch!
J'en parlais plus haut, le mâle chinois crache. Il a même élevé cette pratique au niveau d'un art martial encore inconnu par votre serviteur. Le mouvement de base se passe en trois temps : râclement sonore de la gorge - cette opération peut être répétée plusieurs fois pour correctement préparer le second temps, préparation gargarisée de la substance en bouche, puis enfin expulsion violente. Cette discipline se pratique aussi bien en extérieur (le trottoir proposant un tatami ideal pour les expulsions) qu'en intérieur où bidets, éviers, poubelles et même cendriers sont visés avec précision. Les premières heures de mon séjour m'ont vu très méfiants lorsque les cris de guerres étaient poussés, mais je vous rassure, ces gens sont des pros puisque l'acte est apparemment millénaire...
PS: il semble que le gouvernement tente d'interdire cette pratique, en préparation des JO de Pékin en 2008...
Frogger-style
Vous êtes gâtés. Ce n'est pas un (le crachat mandarin) mais deux arts martiaux mystérieux que je vous présente aujourd'hui. Comme vous devez vous en douter, ces 1300 millions de chinois ont bien le droit de se déplacer, de rouler, de marcher (tout en crachant), eux aussi. Alors voilà, ils ont de belles routes toutes fraichement asphaltées, des véhicules à conduire et des chaussures pour marcher. Ca, c'était pour planter le décor...
Je suppose que vous connaissez Frogger ? Ce jeu vidéo très ancien où une grenouille doit passer d'une rive à l'autre d'une rivière en sautant sur des morceaux de bois qui flottent, et en évitant des bestioles qui essayent de l'attrapper lorsque Froggy saute. Et bien, traverser une route en Chine, c'est pareil. Froggy, c'est vous, ou plutôt moi, ou encore plutôt un groupe de piétons (des chinois et moi). La rivière, c'est la route, n'importe qu'elle route, une petite route, une grande route, même une autoroute, avec feux ou sans feux on s'en fout car les autres ils s'en foutent. Les "autres" c'est les méchants, cela va du simple vélo (à 2 ou 3 roues) au gros bus. Le gros bus, c'est le plus méchant, parce qu'il ne freine pas et encore moins il ne s'arrête, ne me demandez pas pourquoi, c'est comme ça, c'est le super méchant. Et les morceaux de bois flottants, alors, c'est quoi ? Ben ça, c'est le plus compliqué, c'est là qu'il faut sauter, ou plutôt se déplacer en souplesse, pour ne pas se faire écraser par les méchants. Parfois, les lignes blanches (oui oui, ils ont ça aussi) peuvent servir de morceau de bois, mais c'est rare parce qu'ici on est dans une version avancée du jeu Frogger, les méchants peuvent passer sur les lignes blanches, les méchants ont tous les droits. Ainsi, Froggy (mes copains bridés et moi) doit trouver son rythme en phase avec celui de la circulation, fait de pas en avant nets mais pas empressés (surtout pas de pas en arrière, c'est une vie en moins, à tous les coups). Attendre qu'un méchant passe puis encore un peu avancer. Une sorte de danse entre les piétons et les véhicules, très fluide, très belle à voir (c'est surtout très beau quand on est sur le trottoir de l'autre côté...)
Bon, entre nous, moi qui adore les jeux vidéos et les ambiances urbaines, c'est certainement les pas les plus dangereux qu'il m'ait été donné de faire...
L'attaque des clones
Le chinois aime l'objet électronique, il consomme et il produit, en masse. Vous trouverez ici les marques classiques, Apple, Nokia, Sony, Motorola, etc... Mais vous trouverez surtout, à tous les coins de rue (sans déconner), des boutiques, du batiment multi-étages à l'échoppe en bois, qui vendent de l'electronique chinoise aux noms idéogrammés inconnus chez nous : Lenovo, Moto, ChinaMobile (pas n'importe quoi, ils en sont déjà à 300 millions d'abonnements GSM...), ClearCall, et j'en passe. Une marque qui a retenu mon attention est Nokla. Vous lisez bien, Nokla, c'est pas une faute d'orthographe. En chine, on clone à tour de main et on hésite pas à copier les marques et à reproduire fidèlement les derniers modèles. Ainsi, le Nokla N95 existe, avec les mêmes fonctionnalités, une qualité bien moindre mais surtout un prix cassé (moitié de l'original).
Alors, que fait la police, vous me direz ? Et bien, elle engueule Froggy qui essaye de passer au vert...
Paradoxe sino-économique : 1 euro = 10 yuan = 10 euros
Le yuan est la monnaie chinoise. Le cours actuel du yuan est de 10 yuan pour un euro, c'est facile et ça change des calculs en virgule flottante. Ici à Xi'an, le cout de la vie est, comment dire, très différent de chez nous... Je vais vous donner quelques exemples.
Ce dimanche matin, je suis arrivé à Xi'an, mon collègue me propose d'aller visiter les sites intéressants de la région (vous savez, les machins kitch dont je ne vous parlerai pas). Malheureusement, tous les tours organisés étaient complets. On se renseigne à l'hotel, et ils nous suggèrent de "louer" un taxi pour la journée, qui nous conduira et nous attendra le temps qu'il faut sur chaque site... Je regarde mon collègue, qui dit-en-passant est aussi mon boss, et je vois qu'il s'en fout apparemment de claquer l'argent de sa compagnie qu'il vient de revendre aux ricains. Donc, on dit oui d'un signe de la tête et on monte dans un taxi briefé par le concierge de l'hotel. Trajets, sites, chauffeur agréable parlant un peu de chinglish (voir plus loin), et retour à l'hotel après 7h d'excursion. Au final, et en insistant un peu pour qu'il prenne les 50 yuan supplémentaires comme pourboire, notre gentil chauffeur et sa berline nous auront couté 350 yuan, soit 35 euros pour 7 heures de services et 150 kilomètres de trajet...
Ca, c'était pour le transport. Passons à la nourriture. Hier (toujours lundi), Vincent (mon boss-collègue-banquier) et moi décidons d'aller prendre notre lunch a l'extérieur, on arpente quelques petites rues de Xi'an, et on tombe sur un snack qui fait des nouilles et des soupes. On montre du doigt un choix de nouilles et un liquide soit-disant potager. 5 minutes après, nous recevons 2 grandes assiettes de nouilles faites maison, et 2 bols remplis de soupe. Plutôt bon et surtout beaucoup trop copieux pour finir. On passe à la caisse, je sors un billet de 10 yuan, qui aurait dû être suivi par d'autres, mais je remarque que notre aubergiste sourit devant cet unique billet. Je lui tends, et l'affaire est entendue... 10 yuan... 1 euro pour 1 repas complet pour 2 personnes... Je laisserai les commentaires aux fervents de macro-économie que vous êtes...
Chinglish
Le chinglish, c'est la deuxième langue des chinois après le mandarin. C'est de l'anglais, mais à la sauce aigre-douce, donc totalement approximatif et surtout jubilatoire. Par exemple, voici le texte que j'ai pu trouver sur un bateau dimanche : "If you hear the alarm, don't get excited."
J'ai pris pas mal de photos d'inscription en chinglish, je les posterai bientôt. En attendant, vous pouvez déjà vous régaler avec ceci : http://www.sinoptic.ch/tuttifrutti/20031129.htm
Voilà, ceci conclut mon premier vrai mail depuis l'étranger pour mes amis (et plus si affinité)... J'attends vos commentaires et vos questions. Profitez-en, je suis encore là-bas pour une semaine...
Puis, j'en garde encore un peu pour quand je reviendrai : les massages pratiqués par des aveugles (pas essayé), les pitas à 2 yuan essayé, très bon), le marchandage (un autre art ici), ou les jeux, dont les chinois sont des grands fervents.
Zaijian!
Ni hao tout le monde,
Me voilà donc à Xi'an, ancienne capitale impériale chinoise. Je loge au Hyatt Regency qui, il faut bien l'avouer, est au-dessus des standards chinois habituels...
J'y suis dans le cadre du boulot, of course, mais je n'aurais pas beaucoup d'occasions comme celle-ci pour me promener en Chine. Je profite donc de toute pause ou assoupissement de mes collègues pour m'enfuir de mes 5 étoiles et me perdre dans Xi'an (l'hotel-conférence est situé en plein centre).
Je ne vous fatiguerai pas avec des descriptions touristiques kitch, car en effet le fameux kitch chinois est partout, je vais plutôt vous donner quelques impressions de terrain, à chaud. Certaines abonderont dans le sens, plutôt critique, mais la plupart me feront dire combien il est enthousiasmant de rencontrer des gens différents, encore loins du modèle américano-européen qu'on essaye de nous imposer globalement...
Je suis un alien
Hier (lundi), j'ai parcouru la ville à pied. Après 1 heure de marche dans une foule épaisse, je me suis fait la réflexion que je n'avais pas croisé un seul "occidental" depuis mon départ de l'hotel. Et en effet, en regardant autour de moi, que des chinois, pas un seul "white", pas un seul "black". Xi'an a ça de très intéressant qu'elle est une ville chinoise bien terrienne, authentiquement chinoise, pas une porte maritime vers l'occident comme Shanghai (où je serai la semaine prochaine) ou Hong-Kong. Se promener ici avec tous ces regards curieux pour votre personne, le même regard que nos enfants portent à l'étranger ou à l'être différent, est plutôt rassurant. Vous êtes à 8000 kilomètres de chez vous et on vous le rappelle, avec de nombreux "hellooooo!" amusés, toujours gentils, jamais agressifs. Etre un blanc de plus d'un mètre 85 renforce également cette différence, les chinois sont petits, nombreux mais petits. En parcourant le règlement intérieur de l'hotel, écrit d'un délicieux chinglish (voir section Chinglish plus loin), j'ai remarqué que l'étranger que j'étais est traduit par "alien", c'est ce que je suis, E.T. à Xi'an...
Idées au gramme
Quand on est quelque part, on a évidemment tendance à se repérer en fonction des indications écrites, noms de rue, bouches de métro, façades des magasins, ... Ici, il faut oublier ces réflexes, le chinois écrit est basé sur des idéogrammes, chacun signifiant un concept simple, qui, combinés, donnent la signification d'un mot ou d'une phrase. Et vu qu'il y en a beaucoup de ces idéogrammes en chinois, au total 50.000, dont 5 ou 6 mille forment la base de la langue, vous imaginez qu'il y a de quoi être noyé de chinois-grammes au milieu d'une rue à la recherche d'une indication qui vous éclairera sur l'endroit où vous êtes ou sur la marchandise que vous observez. Ajoutons qu'à l'école primaire, les petits chinois ingurgitent environ 2000 idéogrammes, ce qui est la base pour comprendre les écrits habituels. Moi, je n'en ai retenu qu'un pour l'instant, le symbole du yuan ou renminbi (la monnaie du peuple), bien utile pour déchiffrer certains prix et éviter qu'on ne vous impose une "taxe étranger"...
Modernarchaïsme
En 5 minutes de marche, j'ai croisé : un vendeur de grenades (le fruit, pas l'arme) en tricycle rouillé, un jeune chinois coupe-manga avec le dernier GSM à la mode, un macdo idéogrammisé, des petits livres rouges de Mao traduits dans toutes les langues, une douzaine de grues (les machines, pas les putes), 2 couples se disputant dans la rue (les femmes avaient plutôt le dessus), des tortues à rôtir, une petite fille (maximum 4 ans, "surveillée" par son grand frère) qui faisait des acrobaties très dangereuses pour son âge (elle était toujours là quand je suis repassé le soir, 3 heures après...), 1 temple boudhiste, 1 mosquée, 1 brouillard épais et malodorant, 231 crachats de rue, et une rue commerçante sonorisée par la chanson "Hélène, je m'appelle Hélène" en français dans le texte...
Vous reprendrez bien un bec de canard ?
Je m'en doutais, je n'avais qu'une vision limitée de la cuisine chinoise. Sur un territoire aussi grand que la Chine, on mange de tout, préparé de toutes les façons et mangé de toutes les manières. Il y a les grands classiques, nouilles, riz, viandes et légumes frits ou travers de porc caramélisés. Puis les influences diverses, musulmanes, tibétaines, même occidentales. Du ragout très épicés à la salade de crevettes sautées, il y a de tout. Plus exotiques, les serpents ou les tortues sont vendus et tués vivants sur les marchés, par pour le terrarium, pour l'assiette. Manger du chien n'est pas rare, cela reste un mets très courant, je n'ai pas essayé mais je m'enverrais bien un cocker laqué. Enfin, l'anatomie animale n'a aucun secret pour les sino-cuistots, des pattes de poule croustillantes aux becs de canard caramélisés, en passant par les rotules d'agneaux bien charnues, tout est mangeable et tout se mange. Qu'on ne s'y trompe pas, le chinois mange beaucoup, mais très bien et sainement, je n'ai pas croisé une seule grosse personne et les anciens semblent très alertes. Le moment du repas est sacré, est prétexte à tous les discours et aux "Ganbei!" répétitifs (dès que quelqu'un lève son verre, il s'écrie Ganbei! et tout le monde vide son alcool...).
Note (rédigée après le lunch) : je pense que j'ai découvert le secret de minceur des chinois : les baguettes. Weight-Watchers devrait proposer un régime baguettes à ses mamies enrobées. Pour vous en convaincre, essayez de manger un plat de spaghetti avec des morceaux de bois, on en reparlera...
Rrrrrr-prrll-fletttch!
J'en parlais plus haut, le mâle chinois crache. Il a même élevé cette pratique au niveau d'un art martial encore inconnu par votre serviteur. Le mouvement de base se passe en trois temps : râclement sonore de la gorge - cette opération peut être répétée plusieurs fois pour correctement préparer le second temps, préparation gargarisée de la substance en bouche, puis enfin expulsion violente. Cette discipline se pratique aussi bien en extérieur (le trottoir proposant un tatami ideal pour les expulsions) qu'en intérieur où bidets, éviers, poubelles et même cendriers sont visés avec précision. Les premières heures de mon séjour m'ont vu très méfiants lorsque les cris de guerres étaient poussés, mais je vous rassure, ces gens sont des pros puisque l'acte est apparemment millénaire...
PS: il semble que le gouvernement tente d'interdire cette pratique, en préparation des JO de Pékin en 2008...
Frogger-style
Vous êtes gâtés. Ce n'est pas un (le crachat mandarin) mais deux arts martiaux mystérieux que je vous présente aujourd'hui. Comme vous devez vous en douter, ces 1300 millions de chinois ont bien le droit de se déplacer, de rouler, de marcher (tout en crachant), eux aussi. Alors voilà, ils ont de belles routes toutes fraichement asphaltées, des véhicules à conduire et des chaussures pour marcher. Ca, c'était pour planter le décor...
Je suppose que vous connaissez Frogger ? Ce jeu vidéo très ancien où une grenouille doit passer d'une rive à l'autre d'une rivière en sautant sur des morceaux de bois qui flottent, et en évitant des bestioles qui essayent de l'attrapper lorsque Froggy saute. Et bien, traverser une route en Chine, c'est pareil. Froggy, c'est vous, ou plutôt moi, ou encore plutôt un groupe de piétons (des chinois et moi). La rivière, c'est la route, n'importe qu'elle route, une petite route, une grande route, même une autoroute, avec feux ou sans feux on s'en fout car les autres ils s'en foutent. Les "autres" c'est les méchants, cela va du simple vélo (à 2 ou 3 roues) au gros bus. Le gros bus, c'est le plus méchant, parce qu'il ne freine pas et encore moins il ne s'arrête, ne me demandez pas pourquoi, c'est comme ça, c'est le super méchant. Et les morceaux de bois flottants, alors, c'est quoi ? Ben ça, c'est le plus compliqué, c'est là qu'il faut sauter, ou plutôt se déplacer en souplesse, pour ne pas se faire écraser par les méchants. Parfois, les lignes blanches (oui oui, ils ont ça aussi) peuvent servir de morceau de bois, mais c'est rare parce qu'ici on est dans une version avancée du jeu Frogger, les méchants peuvent passer sur les lignes blanches, les méchants ont tous les droits. Ainsi, Froggy (mes copains bridés et moi) doit trouver son rythme en phase avec celui de la circulation, fait de pas en avant nets mais pas empressés (surtout pas de pas en arrière, c'est une vie en moins, à tous les coups). Attendre qu'un méchant passe puis encore un peu avancer. Une sorte de danse entre les piétons et les véhicules, très fluide, très belle à voir (c'est surtout très beau quand on est sur le trottoir de l'autre côté...)
Bon, entre nous, moi qui adore les jeux vidéos et les ambiances urbaines, c'est certainement les pas les plus dangereux qu'il m'ait été donné de faire...
L'attaque des clones
Le chinois aime l'objet électronique, il consomme et il produit, en masse. Vous trouverez ici les marques classiques, Apple, Nokia, Sony, Motorola, etc... Mais vous trouverez surtout, à tous les coins de rue (sans déconner), des boutiques, du batiment multi-étages à l'échoppe en bois, qui vendent de l'electronique chinoise aux noms idéogrammés inconnus chez nous : Lenovo, Moto, ChinaMobile (pas n'importe quoi, ils en sont déjà à 300 millions d'abonnements GSM...), ClearCall, et j'en passe. Une marque qui a retenu mon attention est Nokla. Vous lisez bien, Nokla, c'est pas une faute d'orthographe. En chine, on clone à tour de main et on hésite pas à copier les marques et à reproduire fidèlement les derniers modèles. Ainsi, le Nokla N95 existe, avec les mêmes fonctionnalités, une qualité bien moindre mais surtout un prix cassé (moitié de l'original).
Alors, que fait la police, vous me direz ? Et bien, elle engueule Froggy qui essaye de passer au vert...
Paradoxe sino-économique : 1 euro = 10 yuan = 10 euros
Le yuan est la monnaie chinoise. Le cours actuel du yuan est de 10 yuan pour un euro, c'est facile et ça change des calculs en virgule flottante. Ici à Xi'an, le cout de la vie est, comment dire, très différent de chez nous... Je vais vous donner quelques exemples.
Ce dimanche matin, je suis arrivé à Xi'an, mon collègue me propose d'aller visiter les sites intéressants de la région (vous savez, les machins kitch dont je ne vous parlerai pas). Malheureusement, tous les tours organisés étaient complets. On se renseigne à l'hotel, et ils nous suggèrent de "louer" un taxi pour la journée, qui nous conduira et nous attendra le temps qu'il faut sur chaque site... Je regarde mon collègue, qui dit-en-passant est aussi mon boss, et je vois qu'il s'en fout apparemment de claquer l'argent de sa compagnie qu'il vient de revendre aux ricains. Donc, on dit oui d'un signe de la tête et on monte dans un taxi briefé par le concierge de l'hotel. Trajets, sites, chauffeur agréable parlant un peu de chinglish (voir plus loin), et retour à l'hotel après 7h d'excursion. Au final, et en insistant un peu pour qu'il prenne les 50 yuan supplémentaires comme pourboire, notre gentil chauffeur et sa berline nous auront couté 350 yuan, soit 35 euros pour 7 heures de services et 150 kilomètres de trajet...
Ca, c'était pour le transport. Passons à la nourriture. Hier (toujours lundi), Vincent (mon boss-collègue-banquier) et moi décidons d'aller prendre notre lunch a l'extérieur, on arpente quelques petites rues de Xi'an, et on tombe sur un snack qui fait des nouilles et des soupes. On montre du doigt un choix de nouilles et un liquide soit-disant potager. 5 minutes après, nous recevons 2 grandes assiettes de nouilles faites maison, et 2 bols remplis de soupe. Plutôt bon et surtout beaucoup trop copieux pour finir. On passe à la caisse, je sors un billet de 10 yuan, qui aurait dû être suivi par d'autres, mais je remarque que notre aubergiste sourit devant cet unique billet. Je lui tends, et l'affaire est entendue... 10 yuan... 1 euro pour 1 repas complet pour 2 personnes... Je laisserai les commentaires aux fervents de macro-économie que vous êtes...
Chinglish
Le chinglish, c'est la deuxième langue des chinois après le mandarin. C'est de l'anglais, mais à la sauce aigre-douce, donc totalement approximatif et surtout jubilatoire. Par exemple, voici le texte que j'ai pu trouver sur un bateau dimanche : "If you hear the alarm, don't get excited."
Voilà, ceci conclut mon premier vrai mail depuis l'étranger pour mes amis (et plus si affinité)... J'attends vos commentaires et vos questions. Profitez-en, je suis encore là-bas pour une semaine...
Puis, j'en garde encore un peu pour quand je reviendrai : les massages pratiqués par des aveugles (pas essayé), les pitas à 2 yuan essayé, très bon), le marchandage (un autre art ici), ou les jeux, dont les chinois sont des grands fervents.
Zaijian!