Sophia

Traduction par Labels.tm du site [url a dit:

http://www.sophia-music.com]Robin[/url] Proper-Sheppard est quelqu’un que l’on peut qualifier d’entêté. Il le prendrait sûrement pour un compliment. Il devrait. C’est la description assez juste d’un homme qui s’est remis d’une expérience traumatisante et profondément décevante et qui a décidé de s’en servir. Réaliser ses propres projets et les mener à bien est comme une seconde nature pour lui, et c’est quelque chose dont il n’est pas peu fier. Mais il lui a fallu une certaine dose de courage et de conviction qui aurait sûrement fait défaut à d’autres moins énergiques et enthousiastes que lui en pareille occasion. Car l’énergie et l’enthousiasme sont deux ressources dont Robin Proper-Sheppard ne manque pas. Il en a même à revendre. Sans eux, il n’en serait peut-être pas là où il en est aujourd’hui, à produire le quatrième album de SOPHIA (à paraître sur le label City Slang), à produire d’autres disques comme ceux des artistes signés sur son propre label (The Flower Shop Recordings), tout en préservant son indépendance en organisant des tournées à la fois pour SOPHIA et les autres artistes du label.

Tout cela se ressent dans sa musique et plus que jamais sur PEOPLE ARE LIKE SEASONS qui, même pour quelqu’un de difficile comme lui, est une œuvre d’art d’exception qui fait appel aux diverses expériences de sa carrière musicale. Pour beaucoup, ce sera peut-être la première fois qu’ils entendront parler de SOPHIA mais en réalité, c’est l’aboutissement d’une carrière sans concession qui couvre une période de près de quinze ans et qui démarre en 1990 à San Diego avec la formation d’un groupe appelé The God Machine. Installés à Londres l’année suivante, les camarades de fac Robin Proper-Sheppard, le bassiste Jimmy Fernandez et le batteur Ron Austin signent un contrat avec Fiction Records et sortent un album en 1993, Scenes From The Second Storey, qui montre un groupe n’ayant rien à envier aux meilleurs groupes de rock actuels. Une longue tournée et le succès du single Home leur permettent alors de rencontrer un public plus large et de préparer un deuxième album très attendu. Mais à quelques jours de la fin de l’enregistrement, un événement inattendu et tragique vient frapper le groupe lorsque que Jimmy Fernandez meurt soudainement d’une tumeur au cerveau. Les deux membres restants comprennent alors rapidement que The God Machine doit s’arrêter là et même si la sortie de l’album a bien lieu, dédié à la mémoire de Jimmy Fernandez et intitulé One Last Laugh In A Place Of Dying, Robin Proper-Sheppard et Ron Austin choisissent de ne pas donner de concerts à sa sortie. Ceux qui se souviennent du groupe – comme par exemple Mogwai, avec qui SOPHIA a joué depuis – reconnaissent dans cet album une férocité et une énergie brute rarement gravées sur disque de manière aussi pure. Mais pour Robin Proper-Sheppard, c’est presque la fin de son histoire d’amour avec la musique.

Sa réaction est extrême. Se concentrant sur The Flower Shop Recordings – le label qu’il avait créé au temps de God Machine comme une réponse à l’attitude des majors envers le groupe et centré autour d’un enregistreur 8 pistes vintage surnommé Old Betsy Satan – il arrête de faire de la musique pour produire et publier le travail des autres. Les piliers de la scène indépendante post hardcore anglaise comme Elevate et Ligament sont lancés par ce label mais il faut du temps à Robin Proper-Sheppard pour se sentir à nouveau capable d’enregistrer ses propres chansons. Lorsqu’il le fait – s’entourant de musiciens avec lesquels il a déjà travaillé pour le label – sa musique est à des années-lumières de celle de The God Machine, même si l’intensité est toujours la même. Le premier album Fixed Water (1996) est une dissection douloureusement morbide de la perte et de la souffrance, lente et répétitive mais réconfortante dans son honnêteté et son intimité. En concert, les chansons sont mises à nu même si elles peuvent parfois sonner rock mais pour l’essentiel, Robin Proper-Sheppard trouve avant tout un moyen de s’exprimer sans avoir recourt à la puissance du temps de The God Machine.

The Infinite Circle, album qui suit en 1998, reste dans la même veine et parvient à séduire de nouveaux fans rencontrés lors des tournées où la bonne humeur et le contact facile sont les maîtres-mots. Tout cela se passe sans le consentement des médias et SOPHIA se retrouve à vendre des disques sans budget marketing. En fait, il en vend même beaucoup, beaucoup plus que n’avait réussi à le faire Polygram / Fiction avec The God Machine. Les prestations du groupe dans les festivals européens se font devant un public massif – comme en témoigne l’album live De Nachten – et le bouche à oreille commence à envahir le continent.

PEOPLE ARE LIKE SEASONS va encore plus loin. Ce disque a beau être le premier que Robin Proper-Sheppard ait enregistré sur un autre label depuis dix ans, il n’en a pas perdu pour autant le contrôle de sa musique. A nouveau enregistré et produit sans aucune influence et intervention extérieure puis distribué par City Slang, le disque montre le son de SOPHIA passer d’une musique introvertie et presque country sur les deux premiers albums à une grosse machine aux reins beaucoup plus solides qui peut soulever plus de poids et délivrer plus d’intensité. Cela peut paraître surprenant au début d’entendre le groupe retrouver des sonorités semblables à celles de The God Machine mais c’est en fait le reflet de l’évolution du groupe sur scène. Le son de SOPHIA se trouve aussi enrichi, reprenant le caractère répétitif des deux premiers albums studio tout en offrant une énergie et une collection de chansons accessibles qui n’en sont pas moins puissantes. Comme pour les concerts de SOPHIA, cela ne fait pas de différence que la performance soit acoustique ou électrique quand ces chansons possèdent autant de personnalité, qualité qui fait actuellement cruellement défaut à la musique en général et qui ne s’invente pas, mais qui devrait toujours être reconnue à sa juste valeur quand elle existe naturellement. Longtemps attendu, voici le nouveau son de La Grande Musique...

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