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La volonté de Yahoo! et d'AOL de taxer les e-mails suscite de vives réactions
INTERNET. Les deux sociétés, qui représentent 50% de la messagerie aux Etats-Unis, s'apprêtent à taxer une fraction de dollar certains messages. Une sorte de courriel recommandé qui ne fait pas l'unanimité.
Anouch Seydtaghia
Lundi 13 février 2006
Bill Gates s'est trompé. En 2004, lors du Forum de Davos, le «chief software architect» de Microsoft avait prédit la mort du spam en deux ans. Vingt-cinq mois plus tard, le pourcentage d'e-mails indésirables demeure extrêmement élevé (lire ci-dessous). Quelles solutions avait esquissées le fondateur de Microsoft? Peut-être un système d'authentification des e-mails. Ou peut-être une structure de micropaiements pour taxer les messages. Aujourd'hui, aucune des deux solutions n'a réellement vu le jour. Mais le temps du ricanement face aux solutions avancées par Bill Gates est fini. Yahoo! et AOL veulent en effet taxer certains e-mails entrant dans la boîte de messagerie de leurs clients. Et l'on est très loin d'une vague idée: la mesure entrera en vigueur dans un ou deux mois chez AOL, et dans les mois qui viennent chez Yahoo!.
Révélées lundi dernier par le New York Times, les intentions des deux géants de la messagerie ont eu l'effet d'un choc. Exit l'idée de gratuité concernant le courrier électronique, place au micropaiement, à l'image d'un timbre sur une enveloppe. Concrètement, Yahoo! et AOL veulent créer une sorte d'e-mail recommandé. Les expéditeurs de tels messages auront la certitude que leurs e-mails parviendront à leurs destinataires, et qu'ils ne seront ainsi pas traités comme du spam - ils ne devraient d'ailleurs même pas devoir passer à travers les filtres.
Chacun de ces e-mails recommandés coûtera entre un quart de cent et un cent - les tarifs définitifs ne sont pas connus. Pour pouvoir envoyer ces messages, les expéditeurs devront promettre de ne contacter que des personnes qui ont accepté de recevoir leurs messages, sous peine de se voir bloquer tout accès. Les expéditeurs, et notamment les sociétés de marketing, devront aussi accepter de verser ainsi des dizaines de milliers de dollars à Yahoo! et AOL, qui à eux deux représentent 50% du marché du courriel aux Etats-Unis. Pour se justifier, les deux sociétés avancent trois arguments. D'abord, elles offriront un service à valeur ajoutée en fournissant une assurance de livraison aux expéditeurs de messages. Ensuite, elles lutteront plus efficacement contre les spammeurs, dont la rentabilité des affaires va diminuer. Enfin, il sera toujours possible d'envoyer des e-mails gratuitement. La Croix-Rouge américaine et le New York Times font partie des premiers clients de la société Goodmail, qui se chargera de cette certification pour Yahoo! et AOL.
Spamhaus, principale organisation de lutte contre le spam, a réagi négativement à cette annonce. «Taxer les e-mails va détruire l'esprit d'Internet, a affirmé au site spécialisé News.com Richard Cox, porte-parole de Spamhaus. Le spam ne sera pas réduit directement. AOL parvient déjà relativement bien à filtrer le spam, et Yahoo! s'améliore. Peut-être qu'il sera plus facile de filtrer les messages, mais peut-être que des internautes vont perdre des e-mails et du coup changer de provider.» Analyste auprès de la société Ferris Research, Richi Jennings est aussi très sceptique: «Certains expéditeurs de mails percevront cette nouvelle taxe comme une sorte de rançon, et s'ils sont assez importants, ils pourraient inciter des clients d'AOL à utiliser un autre service. De plus, le pauvre particulier qui utilise la messagerie d'AOL n'aura aucune valeur ajoutée avec ce nouveau service.» Richi Jennings évoque notamment le cas du phishing, une tentative d'arnaque courante où l'expéditeur tente de se faire passer pour une banque ou pour une assurance. Selon l'analyste, des personnes actives dans le phishing pourraient très bien se faire passer pour une banque, se faire certifier leurs envois par Goodmail et AOL, et ainsi arnaquer plus facilement les internautes.
Bluewin, premier fournisseur d'accès en Suisse, affirme qu'une taxe sur les e-mails n'est pas planifiée. La société, dont le filtre antispam est efficace, affirme que 75% des courriels traités sont des spams, et que 90% d'entre eux viennent de l'étranger. Actuellement, une équipe d'une quinzaine de personnes travaille sur le problème du spam au sein de Swisscom Fixnet.
A noter enfin que le débat pourrait bientôt rebondir dans l'acheminement des données. Aux Etats-Unis, des responsables de groupes télécoms, tels BellSouth et AT & T, ont récemment estimé que les sociétés qui utilisent leurs réseaux pour envoyer des données volumineuses devraient aussi payer un supplément.
Le spam demeure un fléau
Anouch Seydtaghia
Les filtres antispam ont beau devenir la règle et devenir de plus en plus efficaces, le spam demeure un problème majeur. Selon les statistiques de la société MessageLabs, les courriels indésirables représentaient en 2005 68,6% du volume total des e-mails. Une tendance à la hausse a été observée à la fin de l'année dernière. D'où vient le spam? Difficile à dire. Selon la société de sécurité informatique Sophos, environ 60% de ces messages sont relayés par des «zombies», c'est-à-dire des ordinateurs de particuliers ou d'entreprises qui ont été auparavant infectés. Selon les chiffres de Sophos, 24,5% du spam provient des Etats-Unis, 22,3% de Chine et 9,7% de Corée du Sud.
La législation contre le spam, entrée en vigueur il y a plus d'un an aux Etats-Unis, semble n'avoir eu aucun effet sur les spammeurs. Par contre, des condamnations lourdes contre certains d'entre eux - l'Américain Jeremy Jaynes a été condamné à neuf ans de prison en 2005 - commenceraient à déployer leurs premiers effets. A confirmer.
Source : Le Temps.
Mort aux spammeurs oui, nous faire payer à moyen terme, pas question !
I am sorry modo, pas vu ou le mettre