SAN FRANCISCO, 2 juin (Reuters) - Solliciter les services d'une prostituée à Oakland peut vous valoir, en plus de vos demêlés avec la justice, d'apparaître sur une affiche, dans le cadre d'une campagne municipale rappelant, selon ses détracteurs, les humiliations publiques en vigueur au Moyen-Age.
Cette ville de 400.000 habitants située dans la baie de San Francisco, en Californie, a commencé mercredi à placarder des affiches montrant des hommes arrêtés pour avoir approché des prostituées. D'autres affiches comportent un numéro vert destiné aux prostituées qui souhaiteraient changer de carrière.
"Cette idée nous est venue alors que nous réfléchissions à de nouveaux moyens pour lutter contre ce problème grandissant se traduisant notamment par l'exploitation de mineures", a expliqué le président du conseil municipal d'Oakland, Ignacio De La Fuente, partisan du projet.
Les photos figurant sur les affiches ont été en partie brouillées afin que les personnes concernées ne soient pas facilement identifiables. Mais à l'avenir le portrait de ces hommes pourrait être affiché sans retouches préservant leur anonymat, a précisé un conseiller de De La Fuente.
Pour ses détracteurs, cette idée - déjà mise ne oeuvre, selon De La Fuente, au Texas - rappelle les humiliations publiques, une pratique moyenâgeuse.
"Il ne nous paraît pas approprié que l'on recoure, à Oakland, à la dénonciation comme sanction supplémentaire, et extrajudiciaire, à l'encontre de ces personnes", a déclaré Alain Schlosser, directeur juridique de l'ACLU en Californie du Nord.
Certains journaux, aux Etats-Unis, publient depuis longtemps les noms d'hommes ayant recouru aux services de prostituées, et certains tribunaux se sont prononcés en faveur de sanctions similaires. L'an dernier, une cour d'appel fédérale a entériné une condamnation stipulant qu'un voleur de courrier devrait porter sur lui un panneau exposant ce qu'il avait fait./NC
