Les nominations récentes posent la question du pouvoir octroyé aux présidents de parti. Est-ce normal que toutes ces nominations soient validées par une seule personne ?
www.lesoir.be
On allait voir ce qu’on allait voir. Tel était le slogan à la sortie des urnes validant le passage d’une Wallonie qui basculait de gauche à droite. Terminées les entourloupes socialistes. Finies les nominations partisanes, ayant conduit la Wallonie dans l’impasse. Désormais, tout se ferait au mérite, à la compétence. Plus de passe-droit. Plus de république des copains qui, à écouter durant cinq ans le président du MR, Georges-Louis Bouchez, était l’apanage des socialistes. Las, ceux qui ont cru à ce discours ne peuvent que déchanter. Car, la république des copains n’est pas terminée. Elle change juste de mains. Les copains d’hier ne sont donc pas ceux de demain mais on peut se demander s’ils ne sont pas plus nombreux. Ou plus cyniques. Car, cela se fait en plein jour.
En toute décontraction, sans le moindre scrupule ni états d’âme.
À lire aussi
Bouchez assume la désignation de sa compagne à l’ONE : « Je nomme les personnes qui me sont loyales »
En plaçant sa compagne, Lucie Demaret, à la tête du conseil d’administration de l’ONE, et en se plaçant lui-même à la vice-présidence de Spa GP (une subtilité juridique lui permettant d’obtenir le poste là où il avait échoué à coiffer la présidence du circuit de Spa-Francorchamps), Georges-Louis Bouchez a non seulement placé la barre du népotisme là où ses prédécesseurs socialistes n’auraient jamais imaginé la placer, mais aussi rompu avec une de ses promesses de campagne. Et de donner l’impression que derrière sa volonté de casser l’Etat PS se cache non pas l’idée que l’Etat PS dysfonctionnait ou avait des pratiques critiquables, mais surtout la jalousie d’un pouvoir qu’il rêvait d’occuper, voire de dupliquer. En résumé, l’Etat PS, tant vilipendé par Georges-Louis Bouchez, n’était mauvais que parce qu’il était socialiste et pas libéral.
Sans préjuger des qualités de la compagne de Georges-Louis Bouchez, dont le parachutage comme tête de liste provinciale, puis comme candidate à la députation provinciale ensuite – elle sera battue lors d’un vote interne – avait déjà fait grincer des dents au sein du parti, les différentes tentatives pour la placer à des postes importants et rémunérateurs annihilent toute idée de méritocratie et jettent la suspicion. Comment réconcilier les citoyens avec la vie politique à la vue de toutes ces intrigues de palais ?
Ces nominations posent également la question du pouvoir octroyé aux présidents de parti. Est-ce normal que toutes ces nominations soient validées par une seule personne ? Un tel pouvoir démesuré ne peut se concevoir qu’avec des contre-pouvoirs forts, ce qui n’est pas le cas. Ni au MR ni dans la loi. Et quand la loi fonctionne et bloque les envies de ces présidents omnipotents, cela les étonne tellement que leur premier réflexe consiste à proposer de changer la loi. Ou à trouver une faille juridique, comme dans sa nomination à la vice-présidence de Spa GP. Le pouvoir d’un président de parti est tel qu’il le place au-dessus du ministre qui pourrait statuer en cas de problème de gestion de la structure dont son chef occupe la vice-présidence. N’est-on pas là à la limite de l’abus de pouvoir ?