Brothers Grimm

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Anax]

Touriste
Alors qu'on ne savait plus quoi espérer de Terry Gilliam (son dernier film en date Las Vegas Parano nous avait laissé quelque peu perplexe) et que la bande annonce des Frères Grimm laissait présager une resucée foutraque de Sleepy Hollow, nous pouvons aujourd'hui l'affirmer haut et fort : Terry Gilliam va bien ! L'expérience des Frères Grimm lui a remis le pied à l'étrier. Les rumeurs qui allaient bon train sur le fait que le film était une commande, que le réalisateur était pieds et poings liés, et même qu'il souhaitait le signer sous le fameux patronyme Alan Smithee, s'avèrent aujourd'hui bien erronées. Brillant ? Oui !

LES FRERES GRIMM
Un film de Terry Gilliam
Avec : Heath Ledger, Matt Damon, Monica Bellucci
Durée : 1h 59
Sortie : 4 octobre 2005


Jacob et Will Grimm, sont deux charlatans qui voyagent de villes en villes pour délivrer les habitants de démons qu'ils ont eux mêmes mis en place. Saisis par les autorités françaises ayant annexé l'ensemble du territoire allemand, ils doivent se rendre à Marbaden pour dissiper le mystère soit disant perpétré par des émules des deux imposteurs...

S'il existe un point commun entre tous les films de Terry Gilliam, c'est sans nul doute la coexistence de deux mondes (le monde réel et la fantasmagorie onirique) à travers un seul et même personnage. Cette dualité existe dans ce film mais cette fois, à travers les deux personnages principaux (Will et Jacob). Will (Matt Damon) est un homme cartésien, tandis que son frère (Heath Ledger) vit dans un monde complètement à part, ce qui lui vaut d'être constamment raillé par son aîné. Le monde qui les entoure est une frontière entre les deux hommes, dont les éléments oniriques tangibles se chevauchent constamment. La fuite des personnages pour un monde où l'autre est immédiatement exclu

L'univers féerique développé dans le film s'oriente comme une relecture des contes pour enfants. Chez les deux principaux intéressés (les vrais, pas ceux du film), la finalité se révèle toujours extrêmement forte et violente. L'univers des frères Grimm est à milles lieues des contes d'un Charles Perrault et le ferait passer pour un démagogique politiquement correct.
Ne cherchant pas à retracer la biographie des deux conteurs mais plutôt de construire une histoire les mettant en scène, Gilliam offre au spectateur la morale qui est sienne et qu'il défendit à travers tous ses films : le monde imaginaire doit être considéré avec le même égard que l'univers physique. Dans cette optique, les Frères Grimm n'est ni surprenant, ni même original. Sauf que s'arrêter à ce simple aspect fait preuve d'une incorrection totale sur le travail de l'homme. Le réalisateur propose un monde si dense et si complexe que chacun peut en saisir ce qui lui plait ou lui déplait. Les films de Terry Gilliam tiennent autant de la fête foraine (le cinéma n'est-il pas un art forain ?) que de l'étude sociologique sur la dualité spiritualiste - matérialiste

De prime abord donc, Les frères Grimm semble être une parodie de Sleepy Hollow de Tim Burton. Puis réflexion faisant, le film révèle une profonde ironie sur le film pré-cité. Gilliam reste profondément burlesque, ne jouant pas la carte de l'auteur incompris, incapable de faire le film qu'il a en tête, puisque de toutes façons, le public ne le comprendra pas. L'homme sait rester simple, sans autre prétention que d'offrir aux spectateurs sa vision du monde, en ne cherchant qu'à le divertir INTELLIGEMMENT. Les références surabondantes ne dénaturent pas le film qui, réciproquement, ne repose pas non plus que sur ses dernières.

La grande qualité d'un tel cinéma réside tout simplement dans ce qu'il offre. Une palette d'émotions facilement identifiable, en passant tour à tour des rires aux tourments, de l'énervement à l'empressement et de la terreur aux rires. La boucle est bouclée. Le seul ennui s'avère une frustration du spectateur incapable de retenir chaque petit détail du film. Dans son fonctionnement bigger than life, le cinéma d'Emir Kusturica doit beaucoup à Terry Gilliam.
Voir des acteurs comme Matt Damon ou Heath Ledger dans un tel registre procure beaucoup de plaisir. Le choix de ces acteurs pour un tel film ne semblait pas évident, et pourtant les deux sont visiblement à leur aise, jouant tantôt la bonne phrase hyper-crédibilisante, tantôt le ridicule absolu sans aucun souci d'égo. Les seconds rôles excessifs au possible sont eux-mêmes secondés par des figurants pantomimes absolument burlesques. Que ce soit Peter Stomare ou Jonathan Pryce, tous les personnages secondaires excellent dans leurs registres.

Les effets spéciaux (superflus) rabaissent le film à son intention originale, à savoir un film de producteurs voulant dans leur catalogue trois choses : un film du maître, un conte pour enfants et un concurrent à Sleepy Hollow (si cela était autrement, L'Homme qui tua Don Quichotte existerait). Gilliam donne un objet qui ne souffre pas des compromis que l'on aurait pu craindre. Suffisamment hybride pour appartenir aux deux univers sans honte, parfaitement compréhensible et délirant à souhait.

Pour la première fois cependant dans sa filmographie, la paranoïa, thème fondamental chez lui, est aux abonnés absents. Malgré cela, il n'est pas interdit de voir Les frères Grimm comme un " best of " de sa filmographie. A mi-chemin entre le Gilliam pur et le film de studio, le réalisateur réussit à insuffler avec une fougue inespérée sa folie visuelle, ses visages typiquement patibulaires, son décalage avec la réalité stupide et sa violence sous-jacente. Une réussite incontestable
(source dvdrama)






Trailer

http://www.commeaucinema.com/news.php3?nominfos=37539&Rub=BA
 
1er
OP
Anax]

Anax]

Touriste
Alors qu'on ne savait plus quoi espérer de Terry Gilliam (son dernier film en date Las Vegas Parano nous avait laissé quelque peu perplexe)
seul point noir à l'article :)
LVP étant un chef d'oeuvre
 

eyeless

The Gunslinger
Ahah j'ai vu la bande d'annonce au ciné , j'étais trop content je suis fan de Terry Gilliam.

Espèrons que ce film cartonne et qu'il lui permette de renflouer ses caisses afin de racheter une nouvelle fois le droits d'adaptation cinéma de Don Quichotte.
Ceux qui ont vu Lost In La Mancha sauront de quoi je parle...
 
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