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PARIS (AP) - Le Premier ministre Dominique de Villepin a réagi jeudi soir avec "beaucoup d'émotion et de tristesse" au décès du comédien français Philippe Noiret, décédé à l'âge de 76 ans des suites d'une longue maladie.
L'acteur avait reçu le César du meilleur acteur en 1976 pour "Le Vieux Fusil" de Robert Enrico et en 1990 pour "La Vie et Rien d'autre" de Bertrand Tavernier. Il avait tourné dans près de 130 films, de "La Vie de Château" aux "Ripoux", en passant par le "Juge et l'Assassin", "Père et Fils", "Alexandre le Bienheureux", "L'Horloger de Saint-Paul" et "La Grande Bouffe".
"Avec sa disparition, c'est toute la famille du théâtre et du cinéma français qui se trouve orpheline", a réagi Dominique de Villepin dans un communiqué. "Car Philippe Noiret n'était pas seulement un acteur exceptionnel qui a travaillé avec les plus grands, de Gérard Philippe à Jean Vilar, de Louis Malle à Bertrand Blier, de Bertrand Tavernier à Patrice Leconte et Claude Chabrol", a-t-il poursuivi.
Il a salué un acteur incarnant un "cinéma exigeant et généreux", qui a fait "vivre des personnages inoubliables, des personnages vrais, complexes, auxquels il parvenait toujours à donner une humanité et une grandeur exceptionnelles. A travers sa voix, son allure, son panache, Philippe Noiret a su saisir et exprimer quelque chose de l'âme française".
"Il manquera à tous les Français, qui lui ont manifesté pendant plus de cinquante ans un attachement et une fidélité profonde. L'homme empreint d'une humanité profonde, l'artiste généreux, l'ami fidèle et attentif, la silhouette et la voix si tendre et familière manqueront à tous", ajoute le Premier ministre qui "exprime toutes ses condoléances à son épouse Monique, à sa fille Frédérique, à ses proches et à ses amis".
Le ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres a rendu hommage également à "un grand parmi les grands" qui a "profondément marqué plusieurs générations de Français". Philippe Noiret était "non seulement une immense figure du 7e art", a-t-il rappelé dans un communiqué, "mais aussi l'un des acteurs les plus aimés et les plus respectés des Français".
"Il avait démarré sur les planches au TNP, où il joua pendant sept ans pendant la grande période de Jean Vilar", avant de contribuer à "écrire les plus belles pages du cinéma ces cinquantes dernières années", souligne le ministre. "Il a su nous émouvoir et nous faire rire dans des rôles inoubliables, qui au-delà de leur extraordinaire diversité, expriment les multiples facettes d'une même humanité".
"Sa personnalité imposante et impressionnante, capable de la plus grande tendresse et de la plus haute exigence, a imprégné les très nombreux rôles qu'il a incarnés au théâtre, comme au cinéma", ajoute M. Donnedieu de Vabres. "Nous garderons le souvenir de son élégance, dans tous les sens du terme, de sa voix incomparable et reconnaissable entre toutes, de sa réserve, de son regard à la fois grave et ironique sur les choses de la vie, de son humour, de sa simplicité, de sa franchise et de son amour de la nature".
Interrogé sur France Info, le réalisateur Patrice Leconte, qui l'a dirigé dans les films "Tango" et "Les Grands Ducs", a expliqué avoir appris "il n'y a pas très longtemps que Philippe était très malade, qu'il n'en avait plus pour très longtemps, j'osais pas le croire, et en même temps on sait bien que quand ça arrive, ça arrive".
"Et là quand j'ai appris ce soir qu'il était parti, sans même avoir le temps de tirer sa révérence, ça m'a attristé, évidemment, ça nous attriste tous, mais hélas ça ne m'a pas surpris, puisque quand les gens sont très atteints par la maladie, cette saloperie de cancer, ils disparaissent vite".
On avait souvent vu Philippe Noiret fumer le cigare dans ses rôles, se souvient-il, "il avait un côté notable", mais "derrière cette allure de notable, il y avait des folies, c'est ça que j'avais envie de retenir ce soir" a-t-il dit.
L'acteur Lambert Wilson parlait lui de souvenirs "tout à fait délicieux" de son aîné, "car Philippe est un homme délicieux". Sur France-Info, il a évoqué un homme "pour qui l'art de vivre, le compagnonnage, étaient des choses fondamentales de la vie". "C'était un homme tellement charmant, tellement attentif aux autres, ayant beaucoup d'humour, souvent nous rabrouant, quand on se prenait un peu trop au sérieux, nous les jeunes comédiens", a-t-il expliqué. Mais aussi "un homme terriblement sain et attentif à la qualité de la vie des autres, et de la sienne". Comme acteur, "on pouvait difficilement le prendre en défaut, même jamais, de médiocrité et d'approximatif, c'est un acteur extrêmement juste, émouvant".
AP
Voilà encore une bien triste nouvelle (qui nous change des interminables attentats) !
Pour ma part, c'est "Alexandre le Bienheureux" qui m'aura fait découvrir ce talentueux acteur. J'adorais également sa voix grave
... et vous ?