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Overlord : 6 juin 1944, les armées alliées débarquent 5 divisions sur les plages de Normandie. Au cours de la nuit précédente 3 divisions parachutistes sont larguées de part et d'autre des 80 kilomètres de côtes afin de préparer et sécuriser la future tête de pont.

Prévu le lundi 5 juin, le débarquement est repoussé au 6 à cause d’une météo déplorable. Peu après 0 h, des milliers de parachutistes alliés sont largués sur la Normandie dans des conditions périlleuses. A 6 h 30 et 7 h 25 débutent les premières opérations amphibies en secteur américain et en secteur anglo-canadien. Les Américains débarquent sur deux secteurs de plage ayant pour code Utah (de La Madeleine à Quinéville) et Omaha (de Colleville-sur-mer à Vierville), tandis que les Anglo-Canadiens et les 177 Français du commando Kieffer prennent pied sur les trois autres secteurs, ayant pour codes Gold (de Ver-sur-mer à Asnelles), Juno (de Saint-Aubin à Graye) et Sword (de Colleville-Montgomery à Luc-sur-mer).
Le 6 juin, ce sont 8 divisions qui prennent part au débarquement (5 sur les plages et 3 dans les airs), totalisant près de 200 000 hommes avec les renforts. La logistique représente : 5 000 embarcations d’assaut, 1 300 navires marchands, 1 200 bateaux de guerre, 10 000 avions (des chasseurs aux bombardiers), 20 000 véhicules (des jeeps aux chars). Les pertes sont de plus de 3 000 tués, 6 000 blessés, prisonniers ou disparus. Le secteur le plus meurtrier est celui d’Omaha. Au soir du 6 juin, Eisenhower peut être soulagé, le débarquement a réussi.
Le plus grand mensonge du siècle
Tout a commencé en janvier 1943. Pour soulager le front de l’Est, Roosevelt, Churchill, de Gaulle et Giraud envisagent un débarquement sur les côtes du nord-ouest de la France, avec pour objectif la poursuite de la guerre jusqu’à la reddition sans conditions des puissances adverses. Le COSSAC : Chief Of Staff to the Supreme Allied Commander (Chef d’État-major du commandant suprême allié) alors créé va mettre au point, en mai 1943, les grandes lignes du projet Overlord (Seigneur suprême), qui comprend à la fois le débarquement proprement dit (l’opération Neptune) et les objectifs militaires à atteindre les jours suivants. La date suggérée pour Overlord est le mois de mai 1944.
Le lieu choisi est la Normandie, car les plages y sont moins bien défendues que dans le nord de la France. En décembre 1943, le COSSAC devient le SHAEF, Supreme Headquarters Allied Expeditionnary Forces (Commandement suprême des forces expéditionnaires alliées), dirigé par le général américain Eisenhower. Sa mission est ainsi définie, en janvier 1944 : «Vous pénétrerez en Europe conjointement avec les autres nations alliées, vous entreprendrez des opérations dont le but sera le cœur de l’Allemagne et la destruction de ses forces armées».
Grâce à l’opération Fortitude, le plus grand mensonge du siècle, les Alliés vont leurrer les Allemands, en leur faisant croire qu’ils vont débarquer là où on les attend, à savoir dans le nord de la France. Pour que l’intoxication soit parfaite, ils créent une armée fantôme, composée de décors et de chars en caoutchouc gonflables stationnés en Grande-Bretagne, le plus près des côtes françaises. Les Allemands tombent d’autant plus facilement dans le piège que le commandement de cette fausse armée est confié au général Patton !
Ce débarquement est certainement l’opération aérienne et amphibie la plus importante du siècle. Les préparatifs en Grande-Bretagne sont rigoureux et minutieux. Rien n’est laissé au hasard. Ainsi, les soldats répètent inlassablement leur rôle pour le D Day (Jour J). Des exercices grandeur nature sont effectués sur les côtes anglaises. Telle l’opération Fabius, en mai 1944, dans le Devon, qui occasionne la mort de 900 soldats !
Les Alliés mettent aussi à profit les expériences acquises lors des raids et débarquements précédents. Ainsi l’échec de l’opération Jubilee, à Dieppe, le 19 août 1942, est la démonstration qu’il est impossible de prendre un port de front. Peu importe, les Alliés viennent avec leurs propres ports (projet Mulberry).
Ainsi, dans les jours qui suivent le débarquement, deux ports artificiels sont construits : à Saint-Laurent-sur-Mer (détruit par la tempête du 19 au 22 juin) et à Arromanches. Tout comme 33 aérodromes provisoires sont élaborés au cours de l’évolution du front en Normandie.
Ces photos venues du ciel
Mais le débarquement ne peut réussir que si les Alliés possèdent toutes les informations nécessaires relatives aux fortifications allemandes en France et aux nombreux obstacles érigés sur les plages. Elles leurs sont fournies par la reconnaissance aérienne, qui photographie pendant des mois chaque parcelle de plage et de côte, et par la Résistance, qui transmet à Londres les renseignements sur les constructions de casemates du mur de l’Atlantique. L’ensemble des fortifications allemandes comprend plus de 1 000 ouvrages divers (postes de tir ou de commandement, stations radars, petits blockhaus dissimulés près des plages), dont 150 canons puissants, sur les 200 kilomètres de côtes allant de Barfleur à Antifer. Elles sont sous le commandement du général Rommel, qui dispose de près de 40 000 soldats et de 500 chars pour contenir les Alliés. Rommel qui doit aussi mener un autre combat, celui avec le maréchal von Rundstedt.
Les deux hommes s’affrontent entre deux stratégies à adopter pour empêcher les Alliés de débarquer. Rommel souhaite rejeter les Alliés à la mer dès le début de l’invasion. Les premières vingt-quatre heures seront décisives. Le sort de l’Allemagne en dépendra. «Pour les Alliés comme pour nous, ce sera le jour le plus long», déclare-t-il le 21 avril 1944. Or von Rundstedt, qui qualifie le Mur de l’Atlantique de «bluff gigantesque», estime nécessaire de les laisser établir une tête de pont pour que les troupes allemandes, aidées des blindés, les combattent sur terre. Stratégie valable si elle est appuyée par une couverture aérienne suffisante. Or à cette date, la suprématie des airs est l’atout majeur des Alliés et non des Allemands. Ce qui est d’ailleurs une des raisons de la réussite du débarquement.
