Le faux dilemme de la monnaie

Carambar

Elite
Sujet connexe à celui de la dette.

La monnaie est un sujet fascinant et son histoire montre qu'elle est bien plus qu'un simple moyen d'échange.

En fait c'est un élément qui continue d'être au centre de luttes de pouvoir qui existent depuis des siècles si pas des millénaires.

Jadis ce fut les rois qui ont donné le nom de couronne à certaines devises officielles et ce pouvoir d'émettre la monnaie est tout aussi important que les autres pouvoirs comme le trias politica si pas plus.

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Aujourd'hui et depuis 1971 on a une monnaie crédit éphèmère que les banques créént avec une baguette magique comptable pour ensuite la détruire lors des remboursements en ne gardant que les intérêts.

La monnaie fiduciaire c'est cela et les banques ont la permission de compter les unités de leurs comptes en euros en guise de standardisation sans quoi chaque banque aurait une monnaie crédit distincte.

Les gouvernements ont peu de pouvoir vis-à-vis de cette création par le crédit et doivent donc collaborer avec les banques en demandant des crédits à un taux bas pour notamment soutenir des gens impactés par les inondations récentes.

Pire, la méconnaissance de certains politiciens du fonctionnement du système monétaire peut les pousser à s'engager dans les politiques économiques qui peuvent mener à des résultats désastreux.

Tandis que les banques centrales technocratiques mi-publique et mi-privé agissent comme des régulateurs en tentant d'accélérer ou décélérer le flux des crédits par des taux directeurs sans qu'il existe un "multiplicateur de monnaie" dans la pratique par rapport aux réserves.

Il y a aussi une occasionnel création durant des "money market operations" (MMO) ou "assouplissements quantitatifs" quand il y a un risque de contraction de la quantité de ce crédit servant de monnaie comme dans un cas de figure où un taux zéro ne motive pas les banques à prêter.

On pourrait se demander si les banques centrales sont libres de toute influence politique vu les longues périodes de taux bas décidés par certains présidents avec des conséquences comme le crash de 2008.

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C'est donc nous qui actionnons la "planche à billets" (Finance by Money Creation ci dessus) à chaque crédit qui gonfle la bulle sur laquelle repose notre civilisation comme le laissait entendre le gestionnaire de crédit Américain Robert Herman Hemphill il y a un siècle.
Si tous les prêts bancaires étaient remboursés, personne ne pourrait avoir de dépôt bancaire et il n'y aurait pas un dollar de pièce ou de monnaie en circulation. C'est une pensée stupéfiante. Nous sommes complètement dépendants des banques commerciales. Quelqu'un doit emprunter chaque dollar que nous avons en circulation, en espèces ou en crédit.
Si les banques créent suffisamment de monnaie synthétique, nous sommes prospères ; sinon, on meurt de faim. Nous sommes absolument sans système monétaire permanent. Quand on a une idée complète du tableau, l'absurdité tragique de notre situation désespérée est presque incroyable - mais elle est là.
C'est le sujet le plus important que les personnes intelligentes peuvent étudier et y réfléchir. Il est si important que notre civilisation actuelle pourrait s'effondrer à moins qu'elle ne soit largement comprise et que les défauts soient corrigés très rapidement.
D'ailleurs, ce qu'il s'est passé durant les années 1930 c'est que suite à la croissance des Roaring Twenties il y a eu un grand crash et puis une spirale négative aux Etats-Unis donnant lieu à des remboursements massifs qui ont mené à ce qu'un tiers de la masse monétaire re-disparaisse dans le néant.

Allez savoir quelle responsabilité la fameuse Fed avait à ce niveau et si son conseil d'administration était à la hauteur d'empêcher ou résoudre cette crise.

L'économiste Irving Fisher dont la réputation a été ternie par le crash a écrit le livre 100% Money pour ensuite tenter sans succès jusqu'à sa mort de convaincre le gouvernement de passer à un système bancaire de pleines réserves.

C'est loin d'être la première fois qu'une réforme a été perçue comme nécessaire car au Royaume Uni le gouvernement conservateur de Robert Peel avait passé le Bank Charter Act en 1844 pour enlever le pouvoir aux banques d'émettre de la monnaie papier car une trop forte émission de billets aurait engendré des problèmes économiques à l'époque.


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Alors comment est-ce qu'un monde en faillite a pu se lancer dans une guerre par la suite?

Et bien, les banques centrales des Alliés ont financé l'effort militaire face à l'expérience Allemande qui utilisait des bons de trésor comme certificats de travail.

Face à l'absurdité de louer toute la monnaie aux banques, certains proposent un retour au financement partiel par des banques publiques d'après guerre qui fonctionnait assez bien au Canada avec sa banque industrielle.

Durant les années septante, ce serait la banque des règlements internationaux ou le comité Bâle qui a poussé vers une interdiction de la pratique d'emprunter aux banques publiques sans intérêts sous le prétexte de mettre fin à la stagflation des années septante.

Cette stagflation que les gens ordinaires ont blâmé sur le crise du pétrole et autre on n'en connaît pas précisément les causes et c'est peut être lié à un choque au niveau du dollar qu'aurait induit la fin des accords Bretton Woods.

Il est intéressant de noter que c'est précisément dans ces années là que la dette publique a commencé à s'envoler tandis le chômage de masse serait apparu simultanément dans quinze pays Européens.

L'ancien militaire Charles de Gaulle craignait déjà la fin de ces accords internationaux en 1965 en comprenant que le coût du conflit au Vietnam pourrait mettre les USA en faillite.

On nous a donc enfermé dans un mode de financement très coûteux qui n'est pas en adéquation avec les besoins de la production et de la société dans son ensemble.

Tout cela parce qu'il y a une peur de l'hyperinflation venant des cas particuliers de pays en détresse comme le Zimbabwe et le Venezuela alors qu'il y a plein d'exemples de création de monnaie publique discrète qui n'ont eu aucune conséquence du genre.

Voilà donc le faux dilemme qui nous pousse à mettre le pouvoir sur la monnaie officielle dans les mains d'une oligarchie ou bureaucratie sans considérer d'autres alternatives.

Face à cela, Bernard Lietaer le cofondateur de l'euro proposait des monnaies locales véritables (expérience de Worgl, Banque WIR en Suisse...) en complément des monnaies nationales officielles.

Il y a aussi eu l'invention du fameux Bitcoin et les autres cryptomonnaies décentralisées qui l'ont suivi.

Et vous, que pensez vous?
 

bobmaurane

Antiélite
Yanis Varoufakis a écrit un livre qui parle,entre autres choses,de la monnaie, de l'historique de UE et de l'euro,et évoque la fin des accords de Bretton Woods.
Ardu,mais très intéressant.

Son titre : "Et les faibles subissent ce qu'ils doivent"
 
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