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Un millier de chiites pourraient avoir trouvé la mort mercredi dans un mouvement de panique au cours d'une procession religieuse sur un pont enjambant le Tigre à Bagdad et déclenché par une rumeur d'attentat-suicide, fait savoir le gouvernement irakien.
"La plupart étaient des femmes et des enfants", a déclaré une source proche du ministère de l'Intérieur à Reuters. "La plupart sont morts noyés ou piétinés."
"A 22h30 (18h30 GMT), le bilan était de 852 morts et il continuait de s'alourdir", a déclaré le Dr Jaseb Latif Ali, du ministère irakien de la Santé, qui avait déclaré précédemment que les autorités s'attendaient à un total d'un millier de morts.
Il s'agit de la bousculade la plus meurtrière de ces dernières années. En février 2004, 251 musulmans avaient péri dans un mouvement de foule en Arabie saoudite lors du pèlerinage du Hadj. En janvier dernier, 257 pèlerins hindous avaient trouvé la mort en Inde.
Le président Djalal Talabani a parlé d'"une immense tragédie qui laissera une cicatrice sur nos âmes."
Le ministre de l'Intérieur, Bayan Jabor, et deux hauts responsables chiites ont attribué cette bousculade aux rebelles, en affirmant qu'un "terroriste" avait répandu une rumeur faisant état de la présence d'un kamikaze dans la foule.
Mais le ministre irakien de la Défense, Saadoun al Doulaimi, a souligné que cette bousculade n'avait rien à voir avec les tensions religieuses observées ces derniers temps en Irak.
Une foule de plusieurs milliers de pèlerins se rendaient à la mosquée Kazimia pour célébrer le martyre de Moussa al Kazim lorsqu'un mouvement de foule a éclaté en raison de rumeurs sur la présence d'un kamikaze.
TROIS JOURS DE DEUIL
Plusieurs dizaines de pèlerins pris de panique se sont alors jetés dans le Tigre.
Le pont du haut duquel se sont élancées de nombreuses victimes se trouve à l'endroit où, selon la tradition, le corps de l'imam Moussa al Kazim a été jeté après son empoisonnement par des agents du calife en 799. Plus de 250.000 pèlerins étaient venus de tout l'Irak pour l'événement, un nombre moins important que les années précédentes en raison de l'insécurité ambiante, ont expliqué les organisateurs.
"De nombreuses personnes âgées sont mortes immédiatement dans la bousculade mais des dizaines se sont noyées. De nombreux corps sont toujours dans le fleuve et des bateaux tentent de les récupérer", a-t-on dit de source proche du ministère.
Quelques instants plus tôt, trois tirs de mortier avaient visé la foule de pèlerins, faisant sept morts et plusieurs dizaines de blessés.
La Djaïch al Taïfa al Mansoura ("L'Armée de la secte victorieuse"), un mouvement sunnite peu connu, a revendiqué ces tirs sur un site internet.
La mosquée Kazimia, située dans un vieux quartier du nord de Bagdad, est l'un des principaux lieux saints des chiites.
Des chaînes arabes ont diffusé des images montrant plusieurs corps recouverts de draps blancs reposant à même le sol dans un hôpital. Débordés, des médecins soignaient les blessés sur des brancards et des chariots dans les couloirs. Les proches des victimes se pressaient dans les hôpitaux.
La télévision nationale irakienne a lancé un appel aux proches d'un bébé retrouvé près du corps sans vie de sa mère.
Le chef du gouvernement irakien, Ibrahim Djaafari, a décrété trois jours de deuil national. Le Premier ministre Dominique de Villepin a assuré mercredi le gouvernement irakien de "l'entière solidarité de la France".
Les tensions sont vives en Irak entre communautés religieuses et ethniques à l'approche du référendum de la mi-octobre sur le projet de constitution du pays, approuvé par une majorité de chiites et de kurdes, mais rejeté par la plupart des sunnites.
Les discussions sur le texte ont pris fin dimanche avec sa lecture devant l'Assemblée nationale. Plusieurs dirigeants sunnites ont promis de faire campagne pour le "non" afin de faire barrage à ce projet dans les urnes.
Plusieurs déflagrations ont été entendues mercredi matin à Bagdad. Un correspondant de Reuters a notamment signalé l'explosion de six mortiers près du principal aéroport de la capitale. Mais les forces américaines n'ont pas confirmé l'information.
