Deux siècles d'antagonisme
« Dors, le méchant Tchétchène rôde dehors. » Cette berceuse du poète russe Lermontov, popularisée en France par Jacques Chirac lors d'un débat avec Lionel Jospin, en 1995, date du XIXe siècle. Elle témoigne de l'ancienneté du conflit entre le géant russe et un peuple à l'indépendance exacerbée.
Au XVIIIe et au XIXe siècles, les Tchétchènes furent de tous les peuples musulmans du Caucase ceux qui donnèrent le plus de fil à retordre à l'empire russe en pleine expansion.
Entre 1834 à 1859, l'imam Chamil, premier héros national tchétchène, mène une « guerre sainte » contre les colonisateurs. Avec la révolution bolchevique de 1917, les Tchétchènes croient leur heure venue et se lancent dans une guerre de libération.
Ils devront se soumettre en 1924. Mais un certain Joseph Staline, originaire de la Géorgie voisine, n'oubliera pas l'affront.
- Déportation
En 1944, inventant de toute pièce une collaboration des Tchétchènes avec les envahisseurs nazis, Staline organise la déportation en masse du peuple tchétchène (la moitié de la population) vers l'Asie centrale et la Sibérie. Des dizaines de milliers de personnes périssent. Les survivants ne pourront regagner leur pays qu'en 1957.
Comme lors de l'effondrement de l'empire tsariste, en 1917, les Tchétchènes espèrent profiter, en 1991, de la disparition de l'Union soviétique. Le 21 août, un ex-général de l'Armée rouge, Djokhar Doudaïev, s'empare du pouvoir à Grozny et, trois mois plus tard, proclame l'indépendance. Le nouveau « tsar » de Russie, Boris Eltsine, au pouvoir encore fragile, laisse faire. Jusqu'en décembre 1994.
L'armée russe se lance à l'assaut de la République séparatiste. La « première guerre de Tchétchénie » dure 21 mois et fait 50 000 morts, surtout des civils. Elle s'achève par une humiliante défaite de la Russie. Moscou doit retirer ses troupes et conclure un cessez-le-feu. Mais la question cruciale du statut de la Tchétchénie reste ouverte.
- L'arrivée des islamistes
Élu président en 1997, Aslan Maskhadov succède à Djokhar Doudaïev (assassiné) à la tête d'un pays ravagé par la guerre. Il doit faire face, d'un côté, à des chefs de bandes armées de plus en plus puissants, et de l'autre, à une Russie qui n'a pas digéré sa défaite et veut sa revanche.
A l'été 1999, des groupes armés islamistes venus de Tchétchénie entrent au Daguestan voisin avec l'objectif d'y établir une république islamique.
- La deuxième guerre de Tchétchénie - août 1999
Le 1er octobre 1999, débute « la seconde guerre de Tchétchénie ». Grozny tombe le 1er février 2000. Vladimir Poutine installe une administration locale pro-russe sous la direction de l'ancien mufti Akhmad Kadyrov. Après trois ans de « pacification », 80 000 soldats russes n'arrivent toujours pas à réduire moins de 5 000 rebelles. On ignore le nombre de victimes de cette sale guerre, sans doute plusieurs dizaines de milliers. Au moins 200 000 Tchétchènes (sur 1 million) ont fui leur pays.
Avant que le combat ait commencé, la population avoisinait les 1,1 million, deux-tiers sont Tchétchène et un quart d’entre eux sont des Russes. Presque 400.000 personnes ont habité dans la capitale Grozny, qui est maintenant complètement ruinée. Des dizaines de milliers de civils sont censées avoir été tués lors des combats.
Après les combats en 1994 et 1995, la situation en Tchétchènie s’était légèrement calmée lorsque un enlèvement en janvier 1996 a incité le régime de Yeltsine à entreprendre des démarches afin de permettre la création d'un état séparé. Cela ne s’est jamais concrétisé, cependant Putin a transformé ce mouvement en mouvement anti-séparatiste. Pour battre du tambour plus fort et avoir le soutient des puissances occidentales, il a également essayé d'utiliser les incidents du 9/11 contre les Tchétchènes en les accusant d'avoir des liens avec Al Qaida. Irène Khan, Député Secrétaire d'Amnesti internationale, a rapporté les violation grave des droits de l'homme, tels que les abus sexuels, le viol des femmes et des enfants par les fonctionnaires russes.
La Tchétchènie est également devenu un embarras important pour Moscou sur la scène internationale parce que, d'une part, la Russie semble maintenant être indécise et faible, et d'autre part elle apparaît comme brutale.
Mais Putin a trompé le mouvement séparatiste, et ceci a embrasé le mécontentement en Tchétchènie cela a amené à des drames horribles.