Modération salariale : pour les patrons aussi ?

zoheir

cvm.mangaleet()
Je vois qu'on parle de jambon... Tjs pas mort ce topic sans fin ?
Attend . on vient de transformer les familles molembeekoises en lobby musulman. C est de plus en plus croustillant.
 

Samcai

Noir à lunettes
Je vous propose une petite lecture... plus de 100 ans plus tard, c'est toujours la même rengaine, et toujours autant de gens pour y croire...

Ricardo Flores Magon
La servitude volontaire
1911



Juan et Pedro arrivèrent à l’âge où il est nécessaire de travailler pour vivre. Tous deux fils de travailleurs, ils n’eurent pas l’opportunité d’acquérir une instruction leur permettant d’échapper à la chaîne du salariat. Mais Juan était courageux. Il avait lu dans les journaux comment des hommes issus d’un milieu modeste étaient arrivés, à force de travail et d’épargne, à devenir les rois de la finance et à dominer les marchés et même les nations. Il avait lu mille anecdotes sur les Vanderbilt, les Rockfeller, les Rotschild, les Carnegie. Ces derniers, selon la presse et même selon les livres scolaires grâce auxquels on abrutit la jeunesse actuelle, étaient à la tête de la finance mondiale pour une seule raison : leur acharnement au travail et leur dévotion pour l’épargne (vil mensonge !).

Juan se livra au travail avec une ardeur sans pareille. Il travailla pendant un an et se retrouva aussi pauvre qu’au premier jour. Au bout d’une autre année, il en était toujours au même point. Il s’acharna au travail sans désespérer. Cinq ans passèrent, au bout desquels — au prix de nombreux sacrifices — il put économiser un peu d’argent. Pour y parvenir, il dut réduire ses dépenses alimentaires au strict minimum, ce qui affaiblit ses forces. Il se vêtit de guenilles : la chaleur et le froid le tourmentèrent, épuisant son organisme. Il vécut dans de misérables taudis, dont l’insalubrité l’affaiblit encore plus.
Mais Juan continua à économiser tant et plus, au prix de sa santé. En contrepartie de chaque centime mis de côté, il perdait une partie de ses forces. Il acheta un bout de terrain et construisit une petite maison afin d’épargner le prix du loyer. Par la suite, il se maria. L’État et le curé ponctionnèrent ses économies, fruit de nombreux sacrifices.

Plusieurs années s’écoulèrent. Le travail n’était pas régulier. Les dettes commencèrent à s’accumuler.
Un jour, un de ses fils tomba malade. Le médecin refusa de le soigner car on ne payait pas ses honoraires. Au dispensaire public, on le traita si mal que l’enfant en mourut.
Malgré cela, Juan ne s’avouait pas vaincu.
Il se souvenait de ses lectures vantant les fameuses vertus de l’épargne et autres sornettes du même acabit. Il était évident qu’il deviendrait riche car il travaillait et économisait. N’était-ce pas ce qu’avaient fait Rockfeller, Carnegie et beaucoup d’autres dont les millions laissent bouche bée l’humanité inconsciente ?

Entre-temps, les produits de première nécessité augmentaient de façon inquiétante. Les rations alimentaires diminuaient de jour en jour dans le foyer du pauvre Juan et, malgré tout, les dettes s’accumulaient et il ne pouvait plus économiser le moindre sou. Pour comble de malheur, son patron décida d’employer de nouveaux travailleurs, à moindre coût. Notre héros, comme beaucoup d’autres, fut licencié du jour au lendemain. De nouveaux esclaves occupaient les postes des anciens. Comme leurs prédécesseurs, ils rêvaient aux richesses qu’ils amasseraient à force de travail et d’épargne.
Juan dut hypothéquer sa maison, espérant maintenir à flot la barque de ses illusions, qui s’enfonçait, s’enfonçait irrémédiablement.
Il ne put payer ses dettes et dut laisser entre les mains des créanciers le produit de son sacrifice, le peu de bien amassé à la sueur de son front.

Obstiné, Juan voulut encore travailler et épargner, mais en vain. Les privations qu’il s’imposait en économisant et le dur labeur qu’il avait accompli dans sa jeunesse avaient épuisé ses forces. Partout où il demandait du travail, on lui répondait qu’il n’y avait rien pour lui. Il était une machine à produire de l’argent pour les patrons, mais une machine délabrée : les vieilles machines, on les met au rebut. Pendant ce temps, la famille de Juan mourait de faim. Dans son sombre taudis, il n’y avait pas de feu, il n’y avait pas de couvertures pour combattre le froid. Les enfants, désespérés, réclamaient du pain.
Juan partait tous les matins à la recherche d’un travail. Mais qui accepterait de louer ses vieux bras affaiblis ? Après avoir parcouru la ville et les champs, il rentrait chez lui, où l’attendaient les siens, tristes et affamés : sa femme et ses enfants pour qui il avait rêvé les richesses de Rockfeller et la fortune de Carnegie.

Un après-midi, Juan s’attarda à contempler le défilé de riches automobiles occupées par des personnes grassouillettes sur le visage desquelles on pouvait deviner la satisfaction d’une vie sans soucis. Les femmes bavardaient joyeusement et les hommes, mielleux et insignifiants, les courtisaient avec des phrases sirupeuses, qui auraient fait bailler d’ennui d’autres femmes que des bourgeoises.
Il faisait froid. Juan frissonna en pensant aux siens qui l’attendaient dans le taudis, véritable refuge du malheur. Comme ils devaient trembler de froid en ce moment ! Ils devaient souffrir les intolérables tortures de la faim ! Comme leurs larmes devaient être amères en cet instant !

L’élégant défilé continuait. C’était l’heure de la parade des riches, de ceux qui — selon le pauvre Juan — avaient su travailler et épargner comme les Rotschild, comme les Carnegie, comme les Rockfeller. Un riche monsieur arrivait dans un luxueux équipage. Son apparence était magnifique. Il avait les cheveux blancs, mais son visage restait jeune. Juan se frotta les yeux, croyant être victime d’une illusion. Non : ses vieux yeux ne le trompaient pas. Ce grand monsieur était Pedro, son camarade d’enfance !
En voilà un qui a dû savoir travailler et épargner, pensa Juan, pour avoir pu ainsi sortir de la misère, pour arriver à cette hauteur et gagner autant de distinction !
Ah ! Pauvre Juan ! Il n’avait pas pu oublier les histoires imbéciles des grands vampires de l’humanité. Il n’avait pas pu oublier ce qu’il avait lu dans les livres d’école où l’on abrutit volontairement le peuple !

Pedro n’avait pas travaillé. Homme sans scrupules et doté d’une grande malice, il avait compris que ce qu’on appelle honneur n’est pas source de richesses. Par conséquent, il s’évertua à tromper ses semblables. Dès qu’il put réunir quelques fonds, il installa des ateliers et loua de la main d’œuvre à bas prix, de sorte qu’il commença à s’enrichir. Il agrandit ses affaires, loua de plus en plus de bras, au point de devenir millionnaire et grand seigneur, grâce aux innombrables Juan qui prenaient au pied de la lettre les conseils de la bourgeoisie.
Juan continua à contempler le défilé de ces fainéants.
Au coin de la rue la plus proche, un homme s’adressait au public. À vrai dire, son auditoire était maigre. Qui était-il ? Que prêchait-il ? Juan s’approcha pour écouter.
« Camarades, disait l’homme, le moment est venu de réfléchir. Les capitalistes sont des voleurs. C’est uniquement par de mauvaises actions que l’on peut gagner des millions. Nous, les pauvres, nous nous décarcassons au travail et quand nous ne sommes plus capables de travailler, les bourgeois nous jettent dehors et nous laissent sans ressources, de la même façon qu’ils se débarrassent d’un cheval vieilli sous le harnais. Prenons les armes pour conquérir notre bien être et celui de notre famille ! »
Juan lança un regard méprisant à l’orateur, cracha par terre avec colère et rentra dans son taudis où l’attendaient, affligés, affamés et frigorifiés, ceux qu’il aimait. L’idée que le travail et l’épargne faisaient la richesse de l’homme vertueux ne pouvait s’éteindre en lui. Même devant le malheur immérité des siens, l’âme de ce misérable élevé pour être esclave ne pouvait se révolter.

Regeneración n°21 (21 janvier 1911)
 

Zloup

Badger
Sauf que ton texte insinue qu'il est impossible de sortir de la basse classe autrement que par tromperie/mensonges et abus.

Et que ce n'est pas le cas, dire qu'un travailleur honnête et courrageux y arrivera d'office est un mensonge, mais dire que c'est impossible l'est tout autant.
 

koraz

Tiède
Sauf que ton texte insinue qu'il est impossible de sortir de la basse classe autrement que par tromperie/mensonges et abus.

Et que ce n'est pas le cas, dire qu'un travailleur honnête et courrageux y arrivera d'office est un mensonge, mais dire que c'est impossible l'est tout autant.
Toute la perfidie du "rêve américain".

Impossible peut être pas mais ultra rare, ça c'est clair. D'ailleurs, en Belgique, j'avais lu que la meilleure manière d'être riche c'était d'hérité :)
 
La perfidie du reve américain? C'est sur que le reve belge où dés qu'il y a une tete qui dépasse, les impots vont la racketter, ca va mener à bcp de progrès.
 

Zloup

Badger
Toute la perfidie du "rêve américain".

Impossible peut être pas mais ultra rare, ça c'est clair. D'ailleurs, en Belgique, j'avais lu que la meilleure manière d'être riche c'était d'hérité :)
t'es pas passé de vendeur de brol à gérant de plusieurs boutiques?
 

Noex

La peur est le chemin vers le côté obscur.
non pas du tout, c'est un modele a part entiere

http://arsindustrialis.org/groupe-de...a-contribution

Dans notre manifeste de 2005, nous posions que le système consumériste atteindrait rapidement ses limites d’abord parce qu’il ruinait l’énergie libidinale, c’est à dire le désir, en le captant de façon destructive. Nous posions que le capitalisme est comme toute économie un stade de ce que Freud avait appelé l’économie libidinale, mais qu’à la différence des stades précédents, celui-ci conduit à l’épuisement de l’énergie libidinale elle-même. Cette thèse est désormais largement attestée, partagée et éprouvée par tout un chacun, qui constate le devenir pulsionnel et addictif de la consommation souvent en soi-même.

Or, la révolution numérique a fait émerger un nouveau type d’économie industrielle qui reconstitue une économie libidinale, c’est à dire un dispositif d’investissements dans des objets de travail et de socialisation : l’économie contributive est en cela précisément une économie libidinale, et elle se caractérise par un nouveau type de comportements individuels et collectifs, celui qui caractérise la figure d’un contributeur affilié à un réseau (qui n’est pas nécessairement électronique mais toujours social).

Cette nouvelle forme d’économie, nous l’entendons en tant que :
nouvel horizon en matière de développement économique et social ainsi que territorial, remettant en cause en particulier l’hégémonie des finalités de valorisation du capital et des formes de domination exercées par les tendances de plus en plus marquées à la fragmentation du travail salarial et de l’existence individuelle ;
régénération de nos désirs, c’est à dire de nos investissements[4], suscitant une autre forme de perception[5] en remettant en cause le primat de l’homo oeconomicus [6] et la « servitude volontaire »[7] et réhabilitant le bien commun et les processus délibératifs et démocratiques ;
reconstitution des formes de savoirs – savoir faire, savoir vivre, savoir théoriser – qui ont été détruites par le processus de prolétarisation et de désapprentissage auquel a conduit une socialisation des technologies exclusivement mise au service de l’augmentation des plus value au détriment de la qualité du travail et des résultats du travail [8] [9];
refondation des conventions comptables micro et macro-économiques et d’indices sociaux
Vu que ce thread est un recueil-tout, je quitte l'autre
Sauf que moi j'ai pas éprouvé la fin du désir, je suis un cas hors du temps?
 

Noex

La peur est le chemin vers le côté obscur.
Cette thèse est désormais largement attestée, partagée et éprouvée par tout un chacun, qui constate le devenir pulsionnel et addictif de la consommation souvent en soi-même
.
Cette thèse est largement attestée? Y a que moi qui est passé à côté?
 

Noex

La peur est le chemin vers le côté obscur.
J'essaie de remonter tout ce que j'ai pu raté ; je lis le début du Rapport Stiglitz et la première chose qui me frappe c'est que c'est Sarkozy qui demande, durant la crise, à Stiglitz de lui fournir une autre mesure que le PIB pour évaluer le progrès social .. selon moi toussa parce que la France ne retrouve plus la croissance et donc cherche autre chose pour se tapoter sur l'épaule et s'auto congratuler.



Rapport de la Commission sur la mesure des
performances économiques et du progrès social
SYNTHÈSE ET RECOMMANDATIONS
Pourquoi ce rapport ?
1. En février 2008, M. Nicolas
Sarkozy, Président de la Répu
blique française, insatisfait de
l’état actuel des informations statistiques
sur l’économie et la société, a demandé à
MM. Joseph Stiglitz (Président de la Comm
ission), Amartya Sen (conseiller) et Jean-
Paul Fitoussi (coordinateur) de mettre en
place une commission qui a pris le nom de
Commission pour la Mesure des Performan
ces Economiques et du Progrès Social
(CMPEPS). Celle-ci a reçu pou
r mission de déterminer les limites du PIB en tant
qu’indicateur des performances
économiques et du progrès
social, de réexaminer les
problèmes relatifs à sa mesure, d’identifi
er les informations complémentaires qui
pourraient être nécessaires pour aboutir
à des indicateurs du progrès social plus
pertinents, d’évaluer la faisabilité
de nouveaux instruments de
mesure et de débattre de la
présentation appropriée des
informations statistiques.

http://www.stiglitz-sen-fitoussi.fr/documents/rapport_francais.pdf
 

Noex

La peur est le chemin vers le côté obscur.
C'est quoi déjà exactement l'économie contributive? Une définition
 

StarflaM

Elite
Vu que ce thread est un recueil-tout, je quitte l'autre
Sauf que moi j'ai pas éprouvé la fin du désir, je suis un cas hors du temps?
Nice finding, sauf que quand à tout casser peut-être 200 millions d'élus (lire occidentaux classe moyenne) sortent de ce modèle libinale, 2 autre milliards sont prêt à s'engouffrer dedans. Cette théorie est belle mais pas pragmatique, pourquoi la situation changerait ?

Aux derniers résultats annuels 30% des recettes du groupe LVMH (Leader du Luxe : Viton & co) proviennent de 1% des chinois et cette part est en grande croissance.
 
Je sais pas où vous vivez pour prétendre que les occidentaux ne veulent plus de la consommation... Tous les chiffres disent le contraire... et ne serait-ce qu'intuitivement, comparez vos attitudes de consommation avec celles de vos parents ou meme de vos grand parents et vous verrez...
 

StarflaM

Elite
Je sais pas où vous vivez pour prétendre que les occidentaux ne veulent plus de la consommation... Tous les chiffres disent le contraire... et ne serait-ce qu'intuitivement, comparez vos attitudes de consommation avec celles de vos parents ou meme de vos grand parents et vous verrez...
Relis l'article, on parle de l'envie de consommation. Et ça je ne pense pas que nos ailleux étaient en reste.

Ma grand-mère, ex-agricultrice de 80+ ans, voue encore un véritable culte aux "réclames" (de vulgaire pub) qui passent à la télé.
 
Relis l'article, on parle de l'envie de consommation. Et ça je ne pense pas que nos ailleux étaient en reste.

Ma grand-mère, ex-agricultrice de 80+ ans, voue encore un véritable culte aux "réclames" (de vulgaire pub) qui passent à la télé.
L'envie de consommation est énorme actuellement en occident

Les anciens, quand ils achètent qque chose, ils le gardent jusqu'à ce qu'ils ne fonctionnent plus et qu'ils ne soient plus réparables...

Qui ici envisagerait de garder son GSM, sa télé, son pc, sa voiture... aussi longtemps?

Quel ancien conceverait qu'il est normal de payer 700 eur pour un smartphone alors qu'il en existe à 150 eur?

Ta grand-mère et ses réclames, ce n'est rien par rapport aux monstres marketing qui n'ont la télé que comme accessoire, genre apple, google, etc
 
1er
OP
bobmaurane

bobmaurane

Antiélite
Sauf que ton texte insinue qu'il est impossible de sortir de la basse classe autrement que par tromperie/mensonges et abus.

Et que ce n'est pas le cas, dire qu'un travailleur honnête et courrageux y arrivera d'office est un mensonge, mais dire que c'est impossible l'est tout autant.
Non,je lis plutôt dans ce texte qu'il est impossible de devenir très riche sans se salir les mains,sans une certaine dose de malhonnêteté,ce n'est pas pareil.

Sinon oui,la réalité c'est plusieurs milliards d'humains prêts à se ruer sur les biens de consommations qu'ils n'ont pas ou peu actuellement.
L'occident aura beau leur dire qu'il faut épargner les ressources,moins polluer,ils n'en auront cure et voudront à leur tour surconsommer comme l'ont fait les autres avant eux.

Je dois être un ancien,j'aime garder mes bagnoles plus de 10 ans,mon gros électro aussi,ma chaine hi-fi a presque 25 ans,et acheter un smartphone (je n'en ai pas encore) à 150 euros c'est plus qu'assez...

Je suis de ceux qui aiment garder leurs affaires assez longtemps,je ne fais que constater que cela devient quasi impossible devant le peu de fiabilité à long terme et l'obsolescence programmée.
 

zoheir

cvm.mangaleet()
Je sais pas où vous vivez pour prétendre que les occidentaux ne veulent plus de la consommation... Tous les chiffres disent le contraire... et ne serait-ce qu'intuitivement, comparez vos attitudes de consommation avec celles de vos parents ou meme de vos grand parents et vous verrez...
les consommateurs ne sont pas heureux de consommer, nuance
 

zoheir

cvm.mangaleet()
Cette thèse est désormais largement attestée, partagée et éprouvée par tout un chacun, qui constate le devenir pulsionnel et addictif de la consommation souvent en soi-même
.
Cette thèse est largement attestée? Y a que moi qui est passé à côté?
c'est ce qu'explique stiegler dans la vidéo telecratie, le pulsionnel freudien stimulé par la télé
 
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